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La Petite Dernière ( Queer Palme), Arco, Renoir, Nouvelle Vague, Die My Love, Le Roi Soleil: Cannes 2025 Jour 4 -

  • Tom Belarbi
  • 18 mai
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 1 juin

écrit par Tom Belarbi--Jean


On arrive déjà à plus d’un tiers du festival, étrange sentiment que celui que tout ça passe quand même beaucoup trop vite, mais en même temps que les films vu il y a tout juste 2 jours semblent dater d’il y a 5 mois (minimum).



Premier film pour ce début de matinée, La Petite dernière, une des 5 réalisation française de la compétition, et première incursion pour sa réalisatrice montante, Hasfia Herzi, en compétition officielle après la SDLC et Cannes première pour ses deux précédents longs. Ici, elle met la lumière sur la révélation Nadia Melliti, accompagnée de la solaire Ji-Min Park (vu dans Retour à Séoul), dans une histoire d’émancipation amoureuse et même religieuse pour la cadette d’une famille d’immigrés algériens. Sur le papier, tout pour faire penser au film français avec un grand F, celui qui se regarde le nombril avec des minorités, du sexe, des classes défavorisées et j’en passe et des meilleurs, et à la place, on a un coming-of-age d’une immense élégance, filmé avec un tact peu commun pour ce genre de sujet, qui est lui traité avec une maîtrise presque inattendue. Tout sonne vrai, en particulier les relations qui, bien que cherchant la tendresse, ne tombent pas dans la gniagnianterie, chaque sujet semble avoir sa place, l’évolution et la découverte de la sexualité est traité avec une beauté visuelle et thématique assez frappante, entre intimité, réalisme et poésie. Alors niveau subtilité, clairement le film en manque selon moi trop pour ses personnages secondaires, parfois assez caricaturaux (en particulier dans les gamins) ou dans la fonction narrative, mais il n’empêche que le résultat final n’est pas sans arracher quelques larmichettes de tendresse.

Une vie de contradictions en une image
Une vie de contradictions en une image

Nouvelle entrée animée sur la croisette, Arco, d’Ugo Bienvenu, sortant du 9e art pour s’attaquer au 7e, dans une histoire originale et de science-fiction où notre société s’est adaptée aux catastrophes naturelles, devenues omniprésentes, et où le destin d’une jeune fille va prendre un tournant inattendu et merveilleux lorsqu’elle rencontre un jeune garçon capable de traverser le temps par les arcs-en-ciel. Un peu confus ? Etrange ou improbable ? Rien de tout ça, une petite bouffée d’air frais, un film d’aventure familial particulièrement soigné, autant sur l’écriture de ses protagonistes que dans sa mise en scène virevoltante et une direction artistique tout bonnement magnifique. On sent la patte d’un artiste, ne citant pas uniquement les poncifs Ghibli, disney et cie par flemme mais en y ajoutant une patte justement plus « bd » ; au service d’un univers original, bien que bardé de références, qui soutiennent pourtant le tout dès les premières minutes. Alors malgré ça, il y a de vraies limites, comme la résolution de certaines intrigues, à mon goût trop expéditives, une candeur parfois légèrement trop accentuée et un manque de sujets « mature » qui pourra freiner les plus sérieux (ici, un papy partit au bout de 10 minutes car « c’est juste pour les mioches ça »), mais qui ne freine pas le plaisir total que j’ai eu à visionner Arco. La banane pendant 1h20, un film qui a eu le malheur de faire face à un public cannois n’en n’ayant rien à faire (première séance avec une salle aussi vide) mais qui devrait faire fureur à Annecy où je lui prédit déjà un ou plusieurs prix.

Et le pire c'est que ce drapeau lbtqi+ sur pattes ne concours même pas à la queer palm
Et le pire c'est que ce drapeau lbtqi+ sur pattes ne concours même pas à la queer palm

Retour en compétition, avec un des trois film du genre pour la journée, inaugurée ainsi par Renoir de Chie Hayakawa, mention honorable à la caméra d’or, la réalisatrice japonaise continue d’aborder la fin de vie, cette fois du point de vue d’une jeune fille durant ses vacances d’été, dont le quotidien est rythmé entre un père, atteint d’un cancer en phase terminale, une mère en surmenage et des questionnements plus ou moins sains. Je trouve la représentation de la jeunesse, dans ce faux coming-of-age aux airs de fable particulièrement troublant, donnant un regard neuf, à la fois insolent et peu candide sur leur rapport au monde, dans une narration restant au diapason de cet état d’esprit. Le problème, c’est un peu le même qu’avec Plan 75, ça commence très très fort, trop fort, et le soufflet retombe quand le film commence à rentrer dans sa « routine » scénaristique, entre rencontres plus ou moins glauques, scènes étranges et j’en passe et des meilleurs, mais très vite, l'œuvre m’a donné le sentiment de tourner en rond, et de souvent s’éparpiller entre le quotidien troublé de cette gamine, et son entourage, prenant parfois trop de place. Cela rend le flou planant sur le récit assez problématique, devenant comme un entre deux à moitié assumé ; jusqu’au contexte historique du film, à peine utilisé, et qui pose plus question qu’il permet de profiter de l’ambiance. Je pense cependant que le film pourrait me trotter dans la tête, bien qu’il m’ai déçu, car le potentiel était présent, et rappel à bien des égards le Déménagement de Shinji Sômai, mais sans sa puissance émotionnelle, ici, bien plus suspendue, froide, mais aussi radicale, et dans une constante hypnose.



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P'tite danse pour festoyer la mort de papa


Autre film en compétition officielle, Nouvelle Vague de Richard Linklater, s’attaquant au « making-of » du mythique A bout de souffle de Jean-Luc (Godard de son nom), dans une recherche de mimétisme, d’hommage et de reconstitution aussi amusé qu’authentique. Et si le film est assez plaisant, techniquement bien fait, il pêche sur deux points, premièrement son manque de renouvellement, ou même d’inventivité ; le « scénario » si on peut l’appeler ainsi file tout droit, et laisse le spectateur monter dans le train ou regarder une machine tourner à vide pendant 1h45. J’étais un peu entre les deux, à la fois sincèrement divertit et intéressé par le dispositif, mais en le trouvant aussi vain, trop fétichiste et pas assez concret. Et justement, à force de citer Jean-Luc, à force de mettre son mimétisme, sa philosophie en avant, je trouve le film un peu lâche, ni archi conventionnel, calibré pour un grand public, dans une trahison complète du cinéma de Godard, ni dans sa continuité expérimentale, documentaire et révolutionnaire. Un petit truc pas méchant, qui pourrait valoir tous les prix comme aucun au palmarès, notamment pour son casting, sans la moindre star, mais dans une obligation de mimétisme un peu enquiquinante, bien que fondamentalement bien faite ; en gros, un film qui me laisse le cul entre deux chaises, peut-être car il l’est tout autant.

Les cahiers du cinéma devant le film
Les cahiers du cinéma devant le film

On reste en compétition officielle pour le très très attendu retour de Lynne Ramsay, 8 ans après le choc You were never really here, dans un nouveau portrait troublé d’un personnage en proie à une psyché complètement cassée. Et après les PTSD, place à la psychose voire la bipolarité atteignant le personnage interprétée par Jennifer Lawrence et son couple qu’elle forme avec Robert Pattinsson, mais aussi son rôle de mère face à son bébé. Clairement en terme de proposition clivante et mal-aimable, on peut dire que Die, my love saura servir le jury, présidé par Juliette Binoche et qui espérait une compétition radicale, tant ce film s’efforce de malmener le spectateur, le mettant dans l’esprit constamment dérangé de son personnage, par les bruits parasites, un montage jouant sur les effets de style pour créer un constant sentiment de malaise et une musique bien explosive pour rendre fou et brutaliser bien comme il faut le spectateur. Le film n’ira pas chercher plus loin que ça, et c’est ce qui fait autant sa faiblesse que sa force, car si je pense que la réalisatrice s’éparpille trop, notamment avec ses incursions autant comiques qu’horrifiques, le simple portrait qu’elle fait de cette femme déséquilibrée suffit à fasciner et à tenir en haleine, sans pour autant tomber dans une immoralité et violence visuelle gratuite.

DéJà vu comment ils dansent le red flag était de mise
DéJà vu comment ils dansent le red flag était de mise

Dernière séance de la journée, de nouveau, en séance de minuit, et après les purges précédentes, l’appréhension était presque palpable sur mon visage, bien que cette fois, l’équipe de programmation a décidé de débuter la séance à « seulement » 23h30. En tout cas, la curiosité aura finalement valu le coup, bien que ce second film de Vincent Maël Cardona, Le roi soleil, soit en deçà de son précédent métrage, il signe une œuvre plutôt divertissante, bien que fragilisée par son dispositif scénaristique jouant sur différents niveaux de réalité, imaginés par les personnages pour se sortir d’une galère de plus en plus désespérée que je vous laisserai découvrir. Le problème c’est que ce concept est en lui-même un peu un boulet, rendant les 2 premiers tiers trop répétitifs voire abscons, tant l’idée s’épuise trop vite et peine à trouver une résonnance dramaturgique réelle, au point où elle est avortée sur cedit dernier tiers. En revanche, tout le reste sent la bonne volonté et une efficacité technique particulièrement appréciable, pour ce film mêlant drame social et thriller plus énervé, bien qu’il aurait mérité de moins s’étirer, de plus revenir à l’os de son récit (quasi 2h qui auraient mérités d’en faire 1h30), mais on ressort avec l’impression d’avoir vu une très belle proposition, singulière, pas subtile pour un sou, mais efficace, brutale et furieusement divertissante ; avec en plus un casting au poil, composé de Pio Marmaï, Lucie Zhang María De Medeiros ou Sofiane Zermani

"Non Vincent, t'arrêtes avec tes flash-back !!!"
"Non Vincent, t'arrêtes avec tes flash-back !!!"

Nouvelle journée excitante pour demain : un Provincial, une sorcière, un agent secret, un tueur en série et un métro hanté.

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