Winona Ryder et Michael Keaton reprennent leur rôles de Lydia Deetz et Beetlejuice
ENTRE FLOP ET SUCCÈS MITIGES, REVOILÀ TIM BURTON
On se demandait quand et de quelle manière on reverrait Tim Burton ! Certes, sa dernière création pour Netflix, Mercredi avec Jenna Ortega, est très vite devenue un phénomène sur la toile, mais pour ce qui est du grand écran, l'histoire n'est pas la même. Son dernier succès commercial et critique remonte à Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street. Pour ce qui est des films qui ont suivi, soit c'est la critique, sois c'est le public qui n'était pas au rendez-vous.
Cependant on a tout de même une énorme affection pour sa version Disney de Alice Au Pays des Merveilles (gros succès commercial mais pas critique ) qui est aussi épique qu'un retour aux sources pour l'auteur (beaucoup de séquences dans les forêts rappellent les univers de Sleepy Hollow et Big Fish ) ; quand à Dumbo, c'était une adaptation live action plutôt mignonne, qui n'a pas conquis tout le monde .
Quoi qu'il en soit, voilà un véritable retour au premier plan de l'actualité cinématographique, et c'est avec l'exorciste complètement farfelu et grossier Beetlejuice. Une suite qui arrive 36 ans plus tard !
POUR RAPPEL
Sorti en 1988, Beetlejuice, qui à l'époque était le second film de Burton, racontait l'histoire de Adam et Barbara Maitland (Alec Baldwin et Geena Davies) un couple marié, qui trouvaient la mort dans un accident de voiture. Leur maison était alors vendue à une famille de New-Yorkais. Les Deetz . La cohabitation étant incompatible (sauf avec Lydia leur fille gothique ), les deux jeunes gens devaient alors trouver un moyen de les faire fuir ; ils trouveraient alors de l'aide en la personne de Beetlejuice (Michael Keaton), une sorte d'exorciste au comportement franchement douteux.
Michael Keaton et Winona Ryder dans le film original.
Un second long-métrage très abouti, devenu culte, et correspondant totalement à l'imaginaire de Tim Burton. Bien entendu, au fil des années, le réalisateur avait acquis une certaine maturité artistique lui permettant de faire des films avec une imagerie aussi noire, avec des scénarios bien plus profonds et recherchés (Edward Aux Mains d'Argent, Big Fish, Ed Wood).
C'est très amusant et ça a bien vieilli, et on espère dire la même chose de ce second opus dans une ou deux décennies. C'est la seconde fois que Burton signe un second opus après Batman Le Défi en 1992.
L'intrigue est simple, la famille Deetz est de retour à Winter River, et cette fois c'est la fille de Lydia (toujours joué par Winona Ryder), Astrid (Jenna Ortega), qui provoque le retour du protagoniste déluré.
ALORS ? RETOUR TRIOMPHANT ? OU SUITE DÉCEVANTE ?
Pour ne pas faire durer le suspense plus longtemps pour ce nouveau film, c'est un retour artistique pour Tim Burton. Voilà une de ces rares suites, qui intervient trois décennies après et réussit à reproduire à l'identique l'aspect génialement macabre et fantastique qui faisait le corps de l'opus original.
Burton a bien évidemment vieilli et mûri, mais cela donne une suite pleine de bonnes idées, et globalement une aventure entre le monde des vivants et celui des morts, palpitante.
Sitôt le générique débuté, toutes les appréhensions qu'on avait pu avoir s'évaporent.
En quelques instants, Burton nous convint qu'il retrouve cet univers 36 ans après, avec beaucoup de joie et d'envie. La remise en contexte est brillante, et nous oriente directement sur l'histoire qu'il veut raconter et pourquoi. Les premières minutes avec le personnage de Lydia (Winona Ryder fait un grand retour au cinéma), désormais une référence populaire et médiatisée dans le domaine du surnaturel et du monde des fantômes, donnent raison à Burton d'avoir voulu poursuivre l'histoire.
Jenna Ortega et Winona Ryder dans Beetlejuice Beetlejuice
BURTON ENTRE SES THÈMES PHARES ET SON PENCHANT POUR LA FOLIE MACABRE
Il veut désormais parler d'une famille brisée par des tragédies et des traumatismes enfouis, du lien qui unit une mère psychologiquement instable et sa fille (Jenna Ortega correspond si bien à l'univers de Tim Burton) qui tente malgré l'héritage de sa mère, de mener une adolescence normale.
Il veut aussi parler d'amour, Burton est un homme comblé d'amour aux côtés d'une Monica Belluci à qu'il consacre une entrée en scène mémorable et totalement à son image. La manière dont le personnage de Dolorés se compose est aussi la métaphore de la renaissance artistique de l'auteur le plus gothique de notre temps.
Beetlejuice Beetlejuice est un retour aux sources pour le réalisateur, et sans aucun doute sa plus grosse réussite artistique depuis un sacré bout de temps. Le retour aux effets pratiques qui lui sont si chères, le retour à un univers qu'il développe un peu plus avec des personnages secondaires hilarants
( Willem Dafoe, Justin Theroux, et Monica Belluci donc). Voila un film dans lequel on ressens la joie de son artiste. Son plaisir de créer et réaliser aboutit à un film riche, plein de nouveaux décors incroyables, et de rebondissements, sans oublié les allusions au premier film .
Même si trois décennies séparent les deux intrigues, la première n'a pas vieilli et la seconde est amenée à devenir l'une des rares continuités d'une histoire à vraiment fonctionner plusieurs années après.
Bien entendu, le long-métrage contient quelques défauts, comme la lourdeur qui se dégage du personnage de Beetlejuice (toujours aussi bien incarné par Michael Keaton).
Un poil plus présent que dans le premier volet, et peut-être remis trop rapidement à l'écran.
Mais ce qui déplait n'entache jamais le reste. Toutes les intrigues lancées finissent pas former une seule et grande aventure dans l'au-delà qui se conclut dans un final qui ne laisse plus doute sur ce retour cinématographique en grande pompes de Tim Burton. Entre l'aspect macabre qui entoure les personnages de Lydia et Astrid, et la fantaisie très second degré autour de Beetlejuice, tout y est.
Même le fan service intervient naturellement sans déranger le reste du nouveau récit .
ON APPRÉCIE TOUJOURS AUTANT ÊTRE DANS LE MONDE DE TIM BURTON
Voilà donc un artiste qui s'enjaille derrière sa caméra, et qui nous le fait ressentir à travers une intrigue plus étendue qu'en 1988, qui peut en revanche s'apprécier de façon indépendante. Burton n'est pas tombé dans le piège de la suite vide et sans intérêt qui font l'échec de beaucoup d'autres opus supplémentaires pas forcément utiles. Ici on ressens, dans quasiment chaque scène la volonté de raconter quelque chose de nouveau et de censé pour les anciens comme les nouveaux personnages.
Tous ont un développement suffisant et une chose qui donne envie de les apprécier.
Tout est globalement assez appréciable, Beetlejuice Beetlejuice est un beau voyage grand-guignolesque entre deux mondes unis par un même esprit frappeur. Un voyage drôle, parfois touchant et complètement approprié à son époque malgré la modernité de l'industrie cinématographique d'aujourd'hui. Burton nous fait justement réaliser que son cinéma, entre bizarrerie et l'outrance maîtrisée, nous manquait cruellement.
Beetlejuice Beetlejuice est sorti en salles ce Mercredi, ne le loupez pas !
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