Mia Wasikowska dans le rôle d'Alice au cœur du Pays des Merveilles
LA FUSION ENTRE DISNEY ET BURTON
Un ciel brumeux, quelques notes de Danny Elfman, sitôt débuté, l'univers de Lewis Caroll et celui de Tim Burton ne mettent pas bien longtemps à cohabiter. Burton ressort tout juste de Sweeney Todd, comédie musicale à faire froid dans le dos, et Disney le charge de remettre au goût du jour l'univers d'Alice Au Pays Des Merveilles, déjà adapté en film d'animation en 1951 .
Il s'agit donc du quatrième film en live action du studio (après Le Livre de La Jungle, et les deux opus 101 Dalmatiens ), et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il s'agit probablement d'un des remakes les plus réussis de tous. Le monde cinématographique de l'auteur d'Edward Aux Mains d'Argent, est ce qui fait la différence avec tous les autres, conçus sans réels personnalités (sauf pour Dumbo également de Burton d'ailleurs) .
L'intrigue reprend des thématiques et éléments récurrent(e)s à son cinéma, telle que la découverte d'un monde fantastique (ou imaginaire) par un personnage possédant des facultés uniques.
Bien entendu, les décors sinistres (tous les passages en forêt notamment) renvoient à ceux de Sleepy Hollow, Big Fish , où encore les Noces Funèbres. Bien que ce soit un "remake Disney live action", Burton a totalement implanté sa personnalité dans le monde Alice. Le résultat est très satisfaisant.
UN DISNEY COMME AUCUN AUTRE
Il faut dire que Burton a un talent particulier pour compter des aventures fantastiques, voire même des odyssées épiques. Alice au Pays des Merveilles fait partie de ces films d'aventures assez à part, qui sont vraiment engageants et aboutis. Bien sûr, il avait déjà fait ses preuves dans ce registre avec son très mature et émouvant Big Fish, mais Alice a la particularité d'être un Disney à la Burton.
Par exemple les personnages de la Reine Rouge et Blanche, où encore du Chapelier Fou, représentés et joués ainsi (incroyables performances de Bonham Carter, Hathaway et Depp au passage)ne ressemblent à aucun autre personnage Disney ; l'héroïne qu'est Alice, bien qu'ayant un arc narratif similaire à beaucoup d'autres héros de fiction ne ressemble à aucune autre . Burton a fait un Disney à son image, et donc un Disney unique qui contrairement aux autres films ne ressemble pas à l'original .
LE PLUS NUMÉRIQUE DES BURTON ?
Le seul point péjoratif ici pourrait être l'aspect numérique. On devine la présence de fonds verts et de CGI à peu près dans tous les plans ; ce qui par exemple n'est pas le cas dans la grande majeure partie de la filmographie de Burton, lui qui préfère normalement les effets pratiques
(comme ce qui a été fait sur Beetlejuice, l'Etrange Noel de Mr Jack et Frankenweenie) .
Tim Burton avec les décors de Frankenweenie
Pour défendre Burton, on peut imaginer que donner vie au pays des merveilles impliquait le déploiement de toutes les ressources numériques possibles. Cela n'entache pas sa patte d'auteur qu'on affectionne tant, mais pour un artiste tel que lui, c'est un virage artistique assez troublant. On va alors se souvenir de comment il représentait Gotham City dans les deux opus Batman ; deux films élégants et soignés. On repense aussi au charme d'Edward aux Mains d'Argent, ainsi qu'à la beauté de Big Fish et Ed Wood .
La beauté des films de Tim Burton a toujours coïncidé avec les effets auxquels il avait recours .
Sa version de la Planète des Singes est un parfait exemple d'échec artistique et de mauvais effets spéciaux, ce qui n'est pas le cas d'Alice qui possède une très belle identité visuelle malgré son abondance d'effets spéciaux pas toujours bien dissimulés .
DE LA LUMIÈRE DANS TOUTE CETTE NOIRCEUR
La grande qualité du film est qu'il propose toujours de nouveaux environnements, de nouvelles couleurs. Cela va de l'entrée du Monde des Merveilles aux châteaux des Reine Rouge et Blanche, jusqu'à l'immense plateau de jeu pour le climax (qui en plan aérien ressemble à un plateau d'échec) .
La vision de Tim Burton permet à l'histoire de Lewis Caroll d'avoir un visage nouveau et personnalisé, qui nous ferait presque regretter que Burton n'ait jamais réalisé aucun Harry Potter
(Le Prisonnier Azkaban lui aurait bien correspondu), tant il fait ressortir de magie de cette aventure ; une magie différente de l'univers du sorcier à lunettes, mais le film en regorge (avec le chat de Chester et toutes les autres créatures qui peuplent ce monde, l'allure de la Reine Rouge etc.)
Pour conclure….
Alice Au Pays des Merveilles est un fantastique conte d'aventures avec des protagonistes hauts en couleurs et tous géniaux, et un personnage féminin principal fort et sympathique en même temps. Si l'image est souvent sombre, le récit contient de beaux moments d'amitié (Alice et le Chapelier Fou) et de bravoure (tout le final est grandiose et superbement mis en scène).
Si tout n'est pas beau et merveilleux, il s'agit d'un Disney épique et propre à l'artiste qu'est Tim Burton (de la photographie, au casting sans oublier la bande originale Elfman), qui ravive de manière stupéfiante l'œuvre de Lewis Caroll. Un Burton souvent critiqué, mais nous on lui porte une certaine affection. Et on dira la même chose pour quelques uns de ses films suivants (Dark Shadow et Big Eyes…)
Pour rappelle, Beetlejuice Beetlejuice sort ce Mercredi en salles
Voir la bande annonce Alice Au Pays des Merveilles
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