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Cannes 2025: Jour 1 - Maltraitance infantile, roseaux des Pays-Bas et bureaucratie soviétique

  • Tom Belarbi
  • 15 mai
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 3 jours

écrit par Tom Belarbi--Jean


On ne présente plus le mythique festival de Cannes, et derrière les paillettes, les costumes, les stars et autres beaux discours, il est bon de rappeler qu’il y a des films de projetés, des avant-premières événements, les futures œuvres qui pourraient sans trop de mal marquer la pop culture et le cinéma d’auteur comme ce fut le cas l’année dernière avec entre autre, Anora, The Substance, L’Histoire de Souleymane ou même Emilia Pérez (pas dans le bon sens du terme pour celui-ci). Alors par quoi j’ai pu commencer mes pérégrinations cannoises ? Retour sur ce premier jour :




Première séance de la journée, retour d’une cinéaste de laquelle j’attendais énormément et qui ne m’a pour ainsi dire, pas du tout déçu : Laura Wendell, 4 ans après la présentation de son bouleversant et poignant Un Monde. Ici il sera question d’une immersion, non plus dans la cour d’école, mais dans un institut pédiatrique où travaille Lucie, infirmière en cheffe, qui va être confrontée à la venue d’un enfant en grave souci de malnutrition, complètement dépendant d’une mère elle-même en perte total de repères. De nouveau, la metteuse en scène belge flirte avec le naturalisme mais en le détournant constamment, en apportant, derrière cette couche de « cinéma vérité » un drame social poignant, et surtout, une immersion étouffante dans Un Monde retranscrit sans le moindre sensationnalisme, mais avec une rigueur et force de frappe détonante, le quotidien étouffant des personnages. Aussi car là où Un Monde était assez limpide, L’Intérêt d’Adam joue dans sa première moitié presque sur la carte du film choral, où plein de petits moments de vie, de détresse et de complicité se jouent via une multiplicité de personnages secondaires, médecins comme patients, rendant le récit un brin plus chaotique, mais aussi plus complet. La réalisatrice s’essaye par ailleurs bien plus au montage, délaissant les plan-séquences longs d’Un Monde pour un découpage bien plus vif et parfois un peu envahissant, rendant peut-être plus artificiel l’atmosphère anxiogène du film malgré que la metteuse en scène garde avec brio son talent pour les plans étirés. Il y aurait encore énormément à dire, mais je ne peux m’arrêter sans parler du casting, cette-fois-ci plus « professionnel » que dans Un Monde, mais se fondant incroyablement bien dans le réalisme du film, sans fausse note, avec une puissance de jeu démente, donnant à voir un sorte de duel entre Anamaria Vartolomei et Léa Drucker s’installant sans forcer.


Sortie le 10 Septembre


"ne vous inquiétez pas mesdames la situation est parfaitement sous contrôle"
"ne vous inquiétez pas mesdames la situation est parfaitement sous contrôle"

On reste à la Semaine de la critique, avec le premier film de la compétition, et la première incursion néerlandaise sur la croisette depuis plus d’une décennie, avec ce que je qualifierai humblement de réelle petite curiosité aussi fragile que prometteuse pour son jeune réalisateur Sven Bresser. Le dénommé Reedland se concentre sur la vie d’un fermier solitaire, dont la vie va être plus que perturbée par le meurtre non élucidé d’une jeune fille sur ses terres, jusqu’à ce que le récit prenne des allures autant de polar que de thriller lynchéen. Oui c’est un peu un gros mot de citer feu David Lynch, mais en même temps bien qu’on n'atteigne jamais la maestria même de ses moins bons film, il y a derrière une amorce trop longue, une mise en scène se servant constamment de son décor pour étirer ses scènes, y apporter de l’onirisme ou du mystère, jusqu’à rendre le long-métrage troublant, bien que parfois un peu vain. Cela parle-t-il de culpabilité, de crise existentielle, de démons intérieurs, les trois ou rien à la fois ? Le film explique oui et non la chose, mais a le bon goût de le faire avec un ton sérieux, bien que par instants aussi curieusement drôle, ce qui n’est pas sans apporter aussi un certain ridicule au(x) personnage(s) tout aussi inattendu que le reste. Puis comme dans tout bon film de David Lynch y’a une nana qui chante une super chanson juste pour le plaisir d’en écouter une, et ça ça vaut bien que vous vous penchiez sur cette belle surprise.



Comme chercher un scénario plausible dans une botte de roseaux
Comme chercher un scénario plausible dans une botte de roseaux


Dernier film de la journée, et première incursion en compétition officielle avec le retour dans cette catégorie d’un pourtant grand habitué de la croisette, Sergeï Loznitsa, qui avec ses documentaires s’était jusque-là surtout contenté de ces ingrates « séances spéciales » depuis son succès Donbass en 2018. Et on peut dire que son retour ne sera pas sans créer une certaine émulsion chez les spectateurs, tant ce film aura sans l’ombre d’un doute le bon goût de cliver et diviser l’audience, avec sa mise en scène aussi limpide que minimaliste et son dispositif filmique retranscrivant complètement l’aspect « kafkaïen », le cauchemar bureaucratique que représentait aussi la Terreur Stalinienne. Sauf que si je vois constamment les intentions, notamment avec cet humour pince-sans-rire, ces plans étirés à l’excès, complètement fixes et laissant s’écouler le temps, c’est surtout l’ennui qui pointe le bout de son nez face à une œuvre qui m’a semblé avoir tout dit dès ses 10 premières minutes, jusqu’à tomber dans les arcanes du film qui rappel qu’on vit dans une saucisse. Il y a pourtant de très belles qualités techniques, évidentes même, et une radicalité que j’aurai pu apprécier mais qui m’a laissé constamment en dehors. Tant pis pour moi, mais clairement sur place, il y en avait autant pour détester (en atteste les très nombreux départs de ma séance) qu’adorer, sûrement que le placer à 22h15 n’a pas été le choix le plus judicieux de la part de l’équipe de programmation.



La tête des festivaliers après le 12e plan fixe sur des gens qui attendent
La tête des festivaliers après le 12e plan fixe sur des gens qui attendent

Sortie le 24 Septembre



Et aujourd’hui, grosse journée, avec entre autre, de l’animation underground, de la sororité, une enquête policière, une île allemande et un duel écrivain/IA

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