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Amélie et la Métaphysique des Tubes, The Phoenician Scheme, Les Aigles de la République, et recommandations personnelles : Cannes 2025 : Jour 11

  • Tom Belarbi
  • il y a 6 jours
  • 5 min de lecture

écrit par Tom Belarbi--Jean


On y est, 12e jour du festival, et personnellement mon 11e sur place étant donné que je n’ai pas assisté à l’ouverture. Et comment dire que l’émotion monte, même si le temps manque, alors pas de chichi pour cette dernière journée, même si…




Bon je ne vais pas faire semblant, vous étiez sûrement au courant depuis chez-vous, Cannes a subi une coupure de courant de plusieurs heures, rétablie au palais où était rediffusée la compétition officielle, ce qui m’a permis de rattraper le Wes Anderson (que je n’avais pas prévu dans mon planning pour cause de il sort dans 3 jours), mais qui m’a aussi bloqué toute la matinée au Cineum où j’avais prévu le gros de ma journée. Les séances de L’homme qui a vu l’ours qui a vu l’homme et de Ma frère (qui n’aura du coup bénéficié que d’une unique projection) me passent donc sous le nez, et surtout je rate la fin du long-métrage d’animation Amélie et la métaphysique des tubes, que prévu à 9h15 et interrompu à 10h pile. La tristesse, car le film est d’une beauté visuelle sans nom, dans une direction artistique rappelant l’estampe, ultra colorée, plutôt finement écrit et doublé, bien que le film reste assez consensuel, il dépeint un portrait de la petite enfance comme on en voit pas tous les jours. Même si le côté plus « onirique » peut faire gadget, il incarnait jusque-là du moins très bien la psyché de celle qui deviendra l’écrivaine Amélie Nothomb, et qui derrière une approche qu’on pourrait qualifier de narcissique, se cache un autoportrait doux-amer magnifiquement stylisé et mis en scène ; rarement les histoires de guerre n’auront autant de poids avec si peu d’images.


Sortie en salles le 25 juin






Du coup, entre discussions avec Sergent Pepper itself et un journaliste passionné du petit niçois, retour au palais, où je trouverai enfin de quoi me substanter avant la séance de reprise de The Phoenician Scheme de Wes Anderson. Les retours décrivaient un film parfaitement dans la lignée de ce que le cinéaste américain avait réalisé, et je ne leur donnerai pas tord, à un détail près pour moi crucial, sa plus grande simplicité. Là où beaucoup auront trouvé cela encourageant après le très clivant Asteroid city, je regrette vraiment que le metteur en scène ait à ce point décidé d’amoindrir tout questionnement existentiel et les thématiques familiales qu’il retrouve, et bien mieux mises à l’honneur dans La vie aquatique ou La famille Tenenbaum. D’un film simple, on se retrouve face à un objet simpliste et ultra programmatique, avec tout ce qu’on attend du metteur en scène en terme de cadrage millimétré, d’acteurs détachés, d’humour absurde, jusqu’aux travellings bien lisses, utilisés jusqu’à plus soif. Comme d’habitude la magie opère, mais ne charme pour moi plus qu’un temps, et son récit d’aventure finit par lasser dans son schéma narratif chapitré particulièrement ronflant, tant ce dernier n’a au final, rien à dire, et qui en dépit d’une amorce bien montée, souffre d’un montage épileptique, ne laissant même pas admirer ces maisons de poupée géantes. Déjà vu, et pas loin d’être déjà oublié, The Phoenician Scheme est pour moi la vraie limite d’Anderson à son propre style, qui en dépit de ses qualités intrinsèques évidentes, n’apporte définitivement plus grand-chose à son art.


Sortie le 28 Mai




Grosse ellipse, car deux films de la compétition officielle me manquent désormais : Jeunes Mères des frères Dardenne (brrrr) et Les Aigles de la république de Tarik Saleh. Si le premier, sortit simultanément en France, me fait plus froid dans le dos qu’autre chose, et n’est donc définitivement pas ma priorité, le second fut rattrapé par chez moi dans mon ugc local, à l’occasion des rediffusions cannoises (et cette année on peu dire qu’ils ont vu très juste niveau palmarès). Les Aigles de la République donc, retour pour le cinéaste après son prix du scénario pour La Conspiration du Caire, et film qui souffre pour moi en partit des mêmes problèmes, le cul entre deux chaises entre la description de la propagande en Egypte et la réalisation d’un thriller (conspi) pur et dur. Là on retrouve les poncifs des deux, mais sans le développement adéquat, ammenant à de gros moments de flottement, une installation assez schématique et des développement de personnage parfois pas loin de l’indigence, notamment pour celui de Lyna Khoudri, qui la pauvre, se retrouve la moitié du temps dans sa carrière, là, à ne servir à rien. Pourtant il y a de très belles choses de ces Aigles de la république, en particulier dans la mise en scène de cet engrenage infernal et l’évolution de son personnage, entre ses principes et sa morale, rendant le récit dès lors un tant soit plus prenant, notamment lors du dernier tiers. Pour le reste c’est bien mis en scène, bien joué et musicalement accompagné, mais le film laisse clairement sentir une sorte d’occasion manqué, d’un grand film politique sur l’industrie du cinéma, un peu à la propagande ce que Maxxxime est au porno ; d’autant après avoir vu Once upon a time in Gaza.


Sortie le 26 Novembre.




Voilà donc pour les films et rattrapages, en attendant de voir Jeunes Mères, un jour, sûrement, peut-être, sait-on jamais. En attendant un petit mot tout de même sur le palmarès, qui m’a globalement laissé une bonne impression, bien qu’il manque selon moi clairement de surprises. En dépit du prix du jury pour Sound of falling, et des non pas une, mais deux (méritées) récompenses à L’Agent Secret, tout ça m’a paru un poil mou du genou, bien que cohérent ; en dépit d’un simple prix du jury à Sirât, qui me fout un peu le seum. Pas que je m’attendais à ce qu’Alpha gagne en particulier quoique ce soit, mais je trouve dommage de ne pas avoir voulu offrir un prix à une autre œuvre plus clivante et radicale ; ou au moins à ce pauvre Saeed Roostae, qui semble être le Kirill Serebrennikov iranien : toujours plébiscité, jamais récompensé.


Voilà en tout cas mon palmarès idéal, sujet à bien des débats, j’en ai plus que conscience :


Prix d’interprétation féminine : Mother and child


Prix d’interprétation masculine : Le casting d’Un simple accident


Prix du scénario : L’agent secret


Prix de la mise en scène : Alpha


Prix du jury : Die, my love


Grand Prix : Résurrection


Palme d’or : Sirât



Dans mes autres coups de coeur que je vous somme de découvrir, sans ordre et toutes sélections confondues : l’intérêt d’Adam – La mort n’existe pas – Dossier 137 – Left-handed girl – The plague – Baise-en-ville – La petite dernière – Arco – Dangerous Animals – My father’s shadow – L’amour qu’il nous reste – Romeria – Sorry, baby – Pile ou face ?



Merci sinon à vous d’avoir suivi mes aventures cannoises, ces quasi deux semaines de cinéma en intraveineuse, en espérant vous revoir bientôt, sur Lumière, Senscritique ou l’année prochaine à Cannes qui sait.

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