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Homebound, Karavan, Barry Lyndon, The Mastermind, Yes, Honey Don't : Cannes 2025 - Jour 10

  • Tom Belarbi
  • 24 mai
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 6 jours

écrit par Tom Belarbi--Jean


Dernière grosse journée à Cannes, je peine encore un peu à croire être arrivé jusque-là, aussi car avec ce rythme des enfers, on est toujours ballotté entre l’excitation primaire et la déconnexion constante avec la réalité qui donne définitivement l’impression d’être dans une bulle.



Premier film de la journée, et découverte du complexe du Cineum, multiplexe à la pointe de la technologie qui accueil les rattrapages des séances de la sélection officielle, et qui permet donc de perfectionner toujours plus son programme, en dépit du besoin de choper un bus qui nous amène en temps et en heure sur les lieux. C’est heureusement ce qu’il s’est passé avec Homebound, petite pépite d’Un certain regard venue tout droit d’Inde, et avec en producteur exécutif nul autre que Martin Scorsese. Un projet globalement un peu trop éclaté, narrant le parcours de deux jeunes indiens qui tentent corps et âme de passer le concours de la police nationale, jusqu’à ce que la réalité avec un grand R mette un frein à ces rêves. Le film, de deux heures, m’a donc paru par moment beaucoup trop s’éparpiller dans ses enjeux, son rapport entre la réalité historique contemporaine indienne, et l’évolution des personnages, jusqu’au dernier tiers, dont je vous laisserai découvrir la teneur, mais qui m’a paru amené d’une manière assez confuse. En revanche, le reste du film est d’une franchise absolument désarmante, la relation entre ces deux amis touche au sublime, de même que la mise en scène, à la splendeur et flamboyance dont les cinéastes indiens n’ont de cesse d’avoir fait preuve ces dernières années, et qui donne un souffle quasiment épique bienvenu à cette très belle surprise.




Autre film, et surtout dernière sélection à Un certain regard, Karavan, ou les pérégrinations d’une femme en Italie, dont le fils, atteint d’handicap mental plus que prononcé, lui empêche toute ouverture sociale. Le film aurait pu être excellent s’il s’efforçait de poser un point de vue sur ses personnages, voire son récit, je n’ai rien contre les films d’errance, voire qui ne racontent « rien », mais je trouve que Karavan s’embourbe dans son dispositif sans trop savoir quoi en faire ; on multiplie donc les rencontres, les désillusions, les disputes et autres moments de réconciliation sans que le film aille quelque part, se finissant de manière tellement abrupte qu’on en vient pour moi presque à se demande si le message n’est pas qu’après tout, on bien vivre comme ça. Quoiqu’il en soit, il y au moins l’envie de montrer frontalement une invalidité souvent laissée sous le tapis, bien que sa représentation finale me paraisse assez frustrante, elle a au moins le mérite d’apporter un peu de saveur à un film au final plus quelconque d’abscons.




Retour maintenant au palais, pour assister à une séance pas comme les autres, puisque j’y fait (avec la clôture) la découverte de la sélection Cannes Classics, qui pour sa dernière projection, a décidé de diffuser le légendaire, et maintenant bicentenaire Barry Lyndon de Staney Kubrick, tout ça en plus en présence de Marisa Berenson. J’en entend déjà râler au sujet du fait que je n’avais pas encore mis mes yeux face à ce chef-d’œuvre, et leur répondrai qu’en dépit d’un rythme cannois harassant, j’ai découvert ce film dans les meilleures conditions possibles. La copie est magnifique et redonne vie à un récit un poil frustrant dans sa narration en premier lieu, mais qui déploie sa puissance émotionnelle dans sa seconde moitié, avec un talent d’écriture et de direction d’acteur comme de l’image, qui m’a laissé plusieurs fois sans voix. Des choses à dire en plus ? Pas forcément tant tout à été dit, mais avec une œuvre aussi vieille, c’est toujours important d’y retourner pour confirmer (ou non) sa toujours très grande qualité.




Après cet interlude pour le moins Historique, place à l’ultime film de la compétition officielle, The Mastermind de Kelly Reichardt, qui marque le retour de la cinéaste américaine sur la croisette après l’assez décevant Showing up. Elle y narre ici le parcours d’un homme somme toute banale, organisant dans la plus grande des confiances un braquage d’œuvres d’art dans une Amérique des 70’s, encastrée entre la guerre du Vietnam et les mouvements sociaux et d’émancipation sociale. Ce Mastermind me laisse en tout cas une impression un peu nuancée, car si je le trouve incroyablement stimulant, drôle et incisif dans sa partie braquage, le portrait de l’Amérique que réalise Reichardt m’a par la suite bien plus perdu, ou du moins semblé particulièrement mal amené. Il y a des symboles plus ou moins évidents, dont ce plan final plus qu’ironique, des discussions et portraits pas inintéressants, mais le tout manque de chaire sur le long-terme, et finit par faire s’essouffler le film. Dommage, car pour le reste les fans de la cinéaste devraient toujours autant s’y donner à coeur joie, tant son sens de la mise en scène épurée et apte à capter notre propre et banale médiocrité, peut largement faire sourire, tout en donnant un rôle délicieux à Josh O’ Connor, parfait dans le rôle.




La journée semble déjà longue, mais elle n’est clairement pas finie, avec la projection du très attendu Yes de Nadav Lapid, cinéaste israélien déjà bien connu pour ne pas réaliser le portrait le plus attendrit de son pays, mais qui, en plaçant son action au 7 octobre, lâche complètement les chiens. Et c’est peu dire que ce film pourrait rester dans les anales pour le meilleur comme le pire : harassant, sur-stylisé, méchant, expérimental et même assez hystérique, le geste de colère de Lapid se ressent et irrigue tout le propos en découlant : une déconstruction de la dolce vita israélienne, une mise en lumière des agissements cyniques des officiels et un cri du coeur globalement imprévisible, pour une séance complètement chaotique. Malgré que parfois, le trop-plein puisse malgré tout largement saoulé, la radicalité du film laisse pantois, tant son énergie reste maintenue de bout en bout, et donne à voir un véritable coup de poing désabusé et de tous les excès, imprévisible, et pas sans rappeler le cinéma de Radu Jude.


En salles le 17 Septembre 2025




Le cerveau en bouillie par la longueur de la journée et le total exercice de roue libre vu précédemment, que j’enchaîne avec l’ultime séance de minuit du festival, et pas des moindres, avec Honey, don’t du frère Coen Ethan, après le gros craquage de slip qu’était Drive-away dolls, dans la continuité de ce dernier. Donc encore une comédie policière débridée, grossière et qui s’assume comme tel, et aussi malheureusement, encore un film qui peine à tenir sur la durée, qui en dehors du léger plaisir du moment, n’apporte pas grand-chose à la carrière du metteur en scène. Le film est plus posé dans sa mise en scène, mais aussi moins créatif, le scénario, moins burlesque, n’en reste pourtant que trop brouillon, jusqu’à sa fin, particulièrement abrupte. On rit de bon cœur 40 minutes, puis le sentiment d’assister à une machine qui tourne à vide pointe le bout de son nez, et là ça devient un peu triste tant j’ai suivi l’œuvre sans le moindre intérêt que celui d’un pilote automatique. Au moins ça reste de bonne facture, très bien joué et bien plus réussit dans son humour burlesque, mais Honey don’t donne pour moi clairement le sentiment que cette nouvelle dynamique est destinée à inévitablement vite s’essouffler.


En salles le 3 Septembre 2025




Pour le dernier jour : une enfance au japon, une amitié sur un lac, une colonie de vacances et le palmarès de cette 78e édition.

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