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Marcel et Monsieur Pagnol, Que ma volonté soit faite, O Agente Secreto, Dangerous Animals, Fantôme Utile, Exit 8: Cannes 2025 Jour 5

  • Tom Belarbi
  • 19 mai
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 3 jours

écrit par Tom Belarbi--Jean


Nouvelle journée, nouveau programme, et aujourd’hui la petite particularité est que je n’ai réussit à presque rien avoir sur la capricieuse billetterie, alors entre changements de dernière minute et petites surprises non prévues, j’ai eu une journée toujours aussi chargée et dense, avec quand même, pas mal de bons films à l’intérieur.


Nouvelle incursion animée au festival de Cannes, avec le nouveau film de Sylvain Chomet, très attendu car ce Marcel et Monsieur Pagnol, biopic de l’écrivain/réalisateur/metteur en scène, marque son retour après 15 années d’absence. Je n’ai jamais été un grand fan des œuvres du metteur en scène, son style d’écriture et de direction artistique me paraissait plus vieillot et rouillé que rétro, et ce film ne m’aura malheureusement pas rendu fan du réalisateur, bien qu’il s’agisse sûrement de mon film préféré de ce dernier. Sûrement car il aborde la vie passionnante d’un artiste que j’adore, retranscrivant sa joie de vivre dans une direction artistique encore plus ambitieuse, s’accordant encore plus d’idées visuelles que la majorité des biopics lambda. Malheureusement, je trouve que le film se complaît un peu trop dans cette lignée d’oeuvres, trop lisse, trop simplistes et trop convenues, ratant pour moi de développer plusieurs portes ouvertes, comme la présence de ce jeune fantôme, guidant le vieux Pagnol comme dans Un chant de noël de Dickens, mais plus, systématiquement, comme un effet de style ou une astuce narrative. Donc tout ça est globalement très agréable à voir, parfaitement réalisé, mignon et tendre, mais ça manque de substance, d’un petit truc en plus pour totalement me combler ; en espérant que ça fasse au moins découvrir ce grand monsieur à plus de personnes.


Sortie le 15 Octobre





Je retourne enfin un peu du côté de la Quinzaine des cinéastes, que je snob un peu, étant donné qu’une bonne partie de leur catalogue devrait être visible par chez moi lors de leur action « La quinzaine en salle ». Dans le cas de Que ma volonté soit faite, on est pile poil dans leur … : du cinéma singulier, offrant de nouvelles voix au 7e art, dans des recherches esthétiques inattendues, parfois fragiles, mais souvent passionnantes. Et clairement, ce second film pour Julia Kowalski, révélée avec le court-métrage J’ai vu le visage du diable, est les deux pieds dedans, ça sent le manque de budget et l’envie de parfois trop en faire quitte à créer de vrais flottements narratifs face à des promesses pas toujours abouties et autres attendus un poil décevants. Pour le reste, le film détonne par sa photo granulée donnant une atmosphère particulièrement chouette à cette histoire de sorcière, sans fantastique, mais avec une vraie patte de cinéma de genre, prenant un contexte social et contemporain, en campagne, pour remettre en valeur des concepts usés jusqu’à l’os avec une belle inventivité ; même si le film reste à mon goût trop référencé, voire balisé, pour son propre bien. L’effort est bien présent et se répercute à merveille sur l’atmosphère mystérieuse et crade de ce film, entre sa musique rock et ses paysages brumeux, où de mystérieux champignons ne seront pas sans rappeler le Possession d’Andrzej Zulawski, bien qu'en moins pertinent.





Au départ je ne devais pas le voir aujourd’hui, faute de place disponible, mais après avoir squatté la file d’attente du grand théâtre lumière plusieurs minutes, et spammé la billetterie, j’ai eu la chance d’obtenir une place par le plus grand des hasards, et à mon plus grand bonheur. Car O Agente Secreto avait les atouts pour se faire attendre, son metteur en scène, Kleber Mendonça Filho, étant un des petits génies contemporain de la mise en scène au brésil, et la promesse de ce polar historique sur la dictature brésilienne avait de quoi donner l’eau à la bouche, dans la continuité d’un Je suis toujours là. C’est en tout cas précisément un excellent complément au film de Walter Salles, dans un genre moins mélancolique et plus mystérieux, mais avec ce même amour pour la culture brésilienne, ses gens, son Histoire, sa vie urbaine et son héritage. Clairement ne vous attendez pas à une œuvre conventionnelle, le long-métrage, narré en 3 chapitres, se compose principalement de longues discussions entre les personnages, entre leur passé cryptique et la description d’un Recife sous le contrôle d’un état totalitaire et corrompu, le film est dense, parfois trop, mais développe son fond petit à petit jusqu’à prendre une tournure passionnante, légèrement trop courte, mais qui vient cernier la grande intelligence du film. Un film plein de vie, dans un classicisme et hommage au thriller d’antan, et au cinéma en général, comme là toujours fait Mendonça Filho, mais à un niveau toujours plus original, inattendu et au final, grisant.





Après ce moment de cinéma avec un grand C, place au fun avec un immense F, et le très attendu Dangerous Animals de Sean Byrne, film de genre Australien et de série B assumée, avec son lot de tueur en série, requins très très méchants et effets sanglants prononcés ; le cocktail parfait pour une salle chauffée à blanc et venu bien s’amuser ! Comme l’a dit un copain à ma gauche, objectivement, rien de bien fou, le film est bourré de clichés et facilité narratives (quand-est-ce que les gens dans ce genre de film vont oser appeler la police avant de jouer au héros ???), la relation entre les deux tourtereaux est attendue et l’intrigue reste globalement simpliste, concentré sur les délires maniaques d’un aficionados de snuff movie et de cétacés. Bref, rien de bien sérieux, et pourtant, tout y est pour passer un moment d’enfer, car Dangerous Animals assume à fond son empreinte de série B, et plus que ça, le film magnifie chacun de ses éléments même les plus bis et éculés, avec une rigueur technique et esthétique trop rare dans le cinéma de genre grand public. Résultat, un moment jubilatoire, méchant, bien foutu, et qui renouvelle suffisamment son jeu de chat et la souris pour rendre la petite heure et demi absolument géniale. Le savoir présent à la quinzaine est bien la preuve que ce genre de film, moins prestigieux, a aussi sa place dans un grand festival de cinéma.


Sortie le 23 Juillet





Retour maintenant à l’autre grosse sélection parallèle, la Semaine de la critique, qui décidément, a eu cette année son lot d’oeuvres aussi inattendues que particulièrement savoureuses, et ce Fantôme Utile, pourrait bien rester dans les annales malgré ses gros défauts. Clairement c’est trop long, le film tire sur la corde jusqu’à rendre son récit assez vaporeux, certaines sorties de piste peuvent s’avérer géniales quand d’autres me laissent plus perplexe, certains tics bien arty m’ont paru plutôt gratuits (comme ce format « arrondi »), mais la singularité du projet reste tout de même, de bout en bout, un vrai plaisir, au moins, une belle curiosité. Parce qu’au delà de raconter les aventures cocasses d’un fantôme hantant un aspirateur, Ratchapoom Boonbunchachoke réalise une œuvre où tout semble permis, et où on se permet tout, jusqu’à un climax bien plus frontal et méchant que le début, doux et tendre pourrait laisser penser. Loin de juste se complaire dans le WTF, le réalisateur se sert aussi de son histoire absurde pour caractériser au fil du récit, une prise de position politique acerbe et toujours autant sans complexes.





Retour pour ma potentielle dernière séance de minuit (j’avoue que le film du frère Co ne me branche pas tant que ça), avec le pour moi particulièrement attendu Exit 8, adaptation du jeu vidéo japonais éponyme, mettant en scène un homme piégé dans un couloir de métro hanté duquel on ne peut pas sortir : pour avancer il lui faudra traquer les anomalies, s’il en voit une, il fait demi-tour, s’il n’en voit aucune, il continue, s’il se trompe, il est renvoyé à son point de départ. La promesse est celle d’un film d’horreur à concept, et si les frissons purs et durs ne sont pas de prime abords les plus présents, le divertissement et la tension psychologique reste particulièrement bien menée, malgré quelques effets de surenchère type jumpscare un peu moins aboutis. Pour le reste, Genki Kawamura (grand partenaire du réalisateur de film d’animations Mamoru Hosoda) a tout compris du potentiel vidéoludique, autant dans l’homme au jeu vidéo dans sa forme, avec un premier plan POV plutôt inspiré, l’utilisation de musique pour « charger » le prochain niveau. Puis surtout, par le biais de plans-séquences complètement déments, d’une, car incroyablement fluides et bien réalisés, ne donnant jamais l’impression de voir un simple tour de force, mais deux, car c’en est justement un, au vu de la configuration en huis-clos aux changements constants, le film rend son univers et décor particulièrement crédible, et donne ce trop rare sentiment qu’on a aucune foutre idée de comment ils ont pu réaliser ça. Puis même si le film reste à mon goût trop répétitif, il a compris que par rapport au simple concept du jeu, il fallait apporter des personnages et quelque chose de plus ancré dans le narratif, et bien que ça soit pas avec subtilité (et de grosses refs au génial P.T.), le film montre avec brio, quoique prévisibilité la peur de la paternité, avec des symboles et des personnages à l’évolution pour leur part réellement intéressante. Une belle petite surprise, qui a tout a fait sa place en Séance de minuit, et qui se place sans trop hésiter dans le top 5 des (trop rares) très bonnes adaptations de jeu vidéo.


Sortie le 3 Septembre






Au programme aujourd’hui : un voyage avec papa, des dealers à Gaza, une famille fracturée et une mystérieuse cicatrice.

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