Nos 15 plus grosses attentes du Festival de Cannes 2025
- Tom Belarbi
- 25 avr.
- 10 min de lecture
écrit par Tom Belarbi--Jean
Miracle ou pas, je serai présent à Cannes cette année, avec une accréditation fraîchement dégotée qui me rend plus qu’impatient de fouler le tapis rouge du plus grand festival de cinéma du monde. Rien que ça, et ça serait oublier qu’on va parler cinéma entre autre, et que derrière certains noms attendus, des habitués et autres surprises, il y a des films qui risquent de compter, de prendre à revers les festivaliers les moins renseignés, ou qu’en tout cas, je ne risque pas d’épargner en cas de déception appuyée. Quoiqu’il en soit, en attendant mes papiers quotidiens sur place, voilà les 15 noms qui me font le plus envie cette année.
15e Exit 8 de Genki Kawamura

Les sélections en séance de minuit sont toujours à double tranchant, des noms et des intrigues qui donnent très envies, mais qui laissent bien souvent la place à des œuvres bancales, voire indigne d’un festival aussi prestigieux que Cannes, comme l’ont été entre autre récemment, des Hypnotic, Project Silence ou autres Défense d’atterrir. Pourtant derrière certains noms risibles qui laissent à penser que Thierry Frémaux est un petit kikoo Jap/Corée du sud, il y a de vraies belles surprises, allant de Rebel au récent City of Darkness, jusqu’à Dernier train pour Busan qui a relancé cette mode des prod de série B asiatique en séance de minuit. Sur les 5 annoncés, ce Exit 8 est celui qui m’intrigue, plus que m’attire le plus, car le concept promet autant de potentiel gâché que de grande frousse, l’adaptation du jeu vidéo éponyme laissant évoquer sur le papier un huis-clos à haut taux de claustrophobie, dans une esthétique liminale qui me fait déjà perdre tout objectivité. A voir donc, ça sortira en tout cas le 3 Septembre en France.
14e Arco d’Hugo Bienvenu

Comme d’habitude, l’animation peine à trouver sa place à Cannes, après une précédente édition charnière et pas moins de 7 films projetés un peu partout, cette année, en seront diffusés 5, dont un en quinzaine, un à la semaine de la critique, et le reste, comme d’habitude, en séance spéciale. Dire comme d’habitude est une manière peu subtile pour moi de rappeler le profond manque de mise en avant de ce médium sur la croisette, au même titre que le documentaire, quasi systématiquement relégué à cette sélection un peu bâtarde qui veut tout et rien dire. Si Marcel et Monsieur Pagnol m’intrigue fortement, au vu de mon amour pour le romancier et réalisateur éponyme, et que l’esthétique d’Amélie et la métaphysique des tubes me rend extrêmement impatient, c’est la nomination surprise d’Arco qui retient mon intention. Je connais peu de l’œuvre de l’auteur de bande dessinée Hugo Bienvenu, mais j’aime cette esthétique pastel, ces jeux de couleurs vives et ces quelques images, rappelant à demi-mot l’univers d’un Jim Bishop, déjà catégorisé comme un des meilleur représentant d’un Ghibli à la française. En attendant d’en voir plus, je me sent obligé de l’inclure dans ce top d’attentes, pour ainsi vous partager ma réelle curiosité sur les sélections animées, globalement assez sous-estimées.
13e The Plague de Charlie Polinger

Le film qui sera d’après moi LA curiosité d’Un Certain Regard, The Plague a sur le papier un potentiel dément pour électriser la croisette. Ce premier long incarné par Joel Edgerton dans le premier rôle, conte les mésaventures d’un club de water-polo, et en particulier l’anxiété petit à petit dévorante d’un de ses jeune adepte. Ce qui m’intrigue, c’est la catégorisation « horrifique » pour l’instant admise, et qui pourrait tout à fait donner à ce coming-of-age, une allure pas banale, voire une âpreté particulièrement intense et infernale. A suivre de près donc…
12e L’agent secret de Kleber Mendonça Filho

Sur le papier, pas le film le plus bandant de cette édition 2025, je met en revanche personnellement volontiers une piécette sur le prochain film du maître du cinéma brésilien contemporain, Kleber Mendonça Filho, qui sait autant prendre à dépourvu son spectateur que rendre hommage à la culture de son pays, son amour pour le cinéma avec un grand C, et la beauté de sa ville natale, Récife, auquel il dédie son remarquable documentaire Portraits Fantômes. L’Agent Secret ne traiterai pourtant pas tant d’espionnage que de rédemption et de paranoïa, en pleines années 70, dans un récit fleuve de 2h40, qui pourrait autant tirer en longueur que dévoiler une fresque pleine de vie et de rebondissements.
11e Planètes de Momoko Seto

Après Robot Dreams et Flow, l’animation muette commence à prendre de plus en plus d’importance, tout en naissant sur la croisette ; et un peu comme le film letton il semblerait que ce premier film franco-belge, d’une réalisatrice japonaise, utilise les dernières technologies et pousse les moteurs de 3D dans ses derniers retranchements ; pas tant en terme de performances que d’imagination. La dénommée Momoko Seto contera en tout cas le parcours de 4 akènes de pissenlit, parcourant la terre dans un voyage par les vents pour prendre racine. Une heure et quart qui inspirent à un voyage de tous les sens, autour de l’environnement et notre rapport et place dans le monde végétal, avec si possible, une direction artistique de toute beauté.
10e La Mort n’existe pas de Félix Dufour-Laperrière

Un des autre rare film d’animation à avoir trouvé grâce auprès des différents commités de sélection, La Mort n’existe pas ne sera en tout cas à priori en rien destiné aux familles, mais bien à un public adulte et consentent face à une proposition aussi mature sur le fond que radicale sur la forme. Une esthétique proche du roman graphique, propice aux différentes expérimentation stylistiques que convoque à bien des égards le synopsis, plus que prometteur : « Après un attentat armé raté au cours duquel elle abandonne ses compagnons, Hélène s’enfuit en forêt. Manon, une de ses complices lors de l’attaque, revient alors la hanter. Ensemble, elles traversent une vallée à la fois intime et fantastique, où métamorphoses, pouvoirs vénéneux et grands bouleversements viendront bientôt bousculer l’ordre des choses. Hélène aura à revisiter ses choix et les dilemmes, personnels et collectifs, qui les circonscrivent. ». Perso ça me hype à mort, alors j’espère ne pas être déçu, d’autant que c’est UFO qui se chargera de la distribution française, qui dans le domaine, a notamment été à la charge d’Unicorn Wars, Junk Head ou encore le peu connu Flow – le chat qui n’avait plus peur de l’eau ; une potentielle marque de confiance qui pourrait dès lors définitivement se confirmer, et qui enfle en tout cas mes espoirs envers ce long-métrage.
9e Dossier 137 de Dominik Moll

Je fait parti de ceux à avoir été complètement soufflé par La Nuit du 12, qui en dehors de ses lourdeurs thématiques et scénaristique, dévoilait avec brio une intrigue policière délaissant petit à petit les codes du simple polar pour ceux du drame psychologique, avec une étude de personnages passionnante, tragique, amusante et plus qu’actuelle. Ici avec un nom prestigieux comme Léa Drucker, en connaissant la puissance des castings de Dominik Moll, je me sens en droit d’attendre une proposition aussi complète qu’aboutie. Le réalisateur renouera en tout cas autant avec le monde du polar que de l’actualité, dans une intrigue autour d’une enquête de l’IGPN, la police des polices, dans un contexte à priori furieusement contemporain.
8e Renoir de Chie Hayakawa

Peu attendaient le nom de Chie Hayakawa pour la compétition officielle, réalisatrice japonaise mention spéciale pour la caméra d’or au profit de son superbe Plan 75, et sur lequel je sent venir la belle surprise de cette compétition 2025. La prémisse promet en tout cas une belle descente lacrymale pour les spectateurs, contant en 1987, année de toutes les effervescences pour la société nipponne, du quotidien d’une jeune fille de 11 ans face à une mère surchargée et un père dont le cancer a atteint la phase terminale. Si tout ça laisse envisager un (grand ?) mélo, avec un soupçon de cruauté, le style sobre, voire austère travaillé par la cinéaste pourrait rendre ce Renoir aussi inaccessible qu’inattendu, et potentiellement, bien plus intense et ironiquement prenant qu’espéré ; en plus d’aboutir à une cinéaste à suivre définitivement.
7e Baise-en-ville de Martin Jauvat

Martin Jauvat, que j’ai interviewé récemment, s’était confié sur son dernier bébé, et il est peu dire que cela m’avait mis en confiance, et donc rendu tout excité à l’annonce de sa sélection à la semaine de la critique. Avec un casting plus prestigieux, dont Emmanuelle Bercot et Michel Hazanavicius, mais aussi les mêmes têtes dont Sébastien Chassagne, William Leghbil et Martin Jauvat lui-même, j’espère avoir ma dose de légèreté et de drôlerie douce-amère en plein Chelles, et évidemment retrouver la patte de son metteur en scène, d’une fausse simplicité et d’une constante justesse, permettant autant de développement pour les personnages qu’il met en scène, que de réussites dans l’humour, pas souvent des plus fin.
6e Die my love de Lynne Ramsay

Dieu sait que le retour de Lynne Ramsay était attendu, près de 10 ans après le court mais tentaculaire « You were never really here », la réalisatrice britannique regroupe cette fois-ci Robert Pattinsson et Jennifer Lawrence dans un récit s’annonçant tout aussi pesant, glauque et passionnant que les précédentes œuvres de la réalisatrice. Une femme, son mari, dans leur maison de campagne, en France, où leur relation va être mise bien à mal par les démons intérieurs du personnage de Jennifer Lawrence, faisant transvaser cette apparente romance en comédie horrifique qu’on espère aussi jusqu’au boutiste que ce que la cinéaste a su nous habituer.
5e Love on a trial de Koji Fukada

Mon amour pour le cinéaste japonais Koji Fukada s’est amplifié lors du visionnage de son bouleversant Love Life, qui m’avait roulé dessus par la puissance de son scénario, sa mise en scène sobre, subtile, surpuissante, et un casting globalement formidable. Mes attentes sont dès lors sur-dimensionnées quand à la prémisse particulièrement prometteuse de ce nouveau long, abordant un sujet aussi populaire que tabou, lumineux que bardé de zones d’ombres, soit, des starlettes de J-Pop, idoles et autres « Idol » japonaises. Vendu comme un film de procès autour d’une close « no love », violée par la protagoniste, le film s’annonce tout aussi critique d’une société nippone de plus en plus absurde et absurdement stricte, qu’un autre grand portrait de femme dont le réalisateur a le secret, et qui devrait au moins me broyer le cœur par la cruauté de son récit.
4e L’inconnu de la Grande Arche de Stéphane Demoustier

Stéphane Demoustier m’avait impressionné l’année dernière avec son second film Borgo, qui a valu un césar à la fantastique Hasfia Herzi (aussi de retour en compétition avec son troisième long-métrage), et qui donnait à voir un réalisateur, certes jeune, mais d’une maturité incroyable, délivrant une mise en scène précise et un scénario millimétré d’une grande efficacité. Que des espoirs dès lors pour ce biopic qui devrait s’éloigner du côté « thriller » de ses deux précédents essais, mais qui pourra, je l’espère, continuer de creuser un grand talent dans la mise en scène, et surtout le talent d’un superbe casting, avec notamment François Cluzet, Swann Arlaud, Vincent Macaigne et… Xavier Dolan !
3e Eddington d’Ari Aster

Il est peu dire qu’on attend désormais beaucoup d’Ari Aster, cinéaste américain ayant renouvelé le monde de l’horreur, et impressionné une partie non négligeable des cinéphiles, comme du grand public d’aujourd’hui. Eddington se fait particulièrement attendre pour deux choses, d’abord son casting très prestigieux, avec les retrouvailles post Beau is afraid d’Aster et Joaquin Phoenix, mais aussi de Pedro Pascal (peut-être dans son premier bon film ? (oui je suis méchant)) et la chaos queen Emma Stone dans un film genré pour le moment comme un mélange de western et d’horreur ; chose plus que rare et qui devrait titiller la curiosité de chacun. La seconde, est qu’on sait juste que le scénario se situe en 2020, le reste sera surprise. Dieu seul sait pour l’instant ce que le metteur en scène Américain va nous servir, entre le cauchemar grand guignol qui l’a précédé ou les propositions plus anxiogènes et pesantes de ses débuts. On risque en tout cas d’avoir le cerveau retourné, et de faire parler les spectateurs de la croisettes, trop sensibles ou peu réceptifs face à ce qui s’annonce déjà comme un des cru les plus clivant du festival. Sortie nationale programmée au 16 Juillet.
2e L’intérêt d’Adam de Laura Wandel

Dans la catégorie des premiers films qui arrachent, Un Monde se posait là, thriller suffocant sur le harcèlement scolaire, filmé du point de vue des enfants dans une atmosphère presque carcérale, il était clair que j’attendais très très fort le prochain film de la très prometteuse réalisatrice belge. D’Un Certain Regard, elle passera donc par La Semaine de la critique, et en ouverture, dans un film qui pour reprendre les mots de sa déléguée générale, reste dans le cadre des souffrances enfantines, avec, pour rappeler son précédent long, une intrigue très resserrée d’1h13, à priori en huis-clos (un hôpital) et une mise en scène immersive. Pour autant, on voit déjà les brigues d’une évolution dans le cinéma de Laura Wendel, invitant dans son casting en rôle principale Léa Drucker et surtout l’incroyable Anamaria Vartolomei (découverte dans l’Événement puis retrouvée récemment dans Monte-Cristo et Mickey 17), avec sur le papier, une étude de cas plus centré sur le point de vue des adultes. Affaire à suivre, le film sortira le 1er octobre dans les salles françaises.
1er Alpha de Julia Ducournau

Ceux qui me connaissent devaient s’y attendre, pour moi il n’y a pas d’autres place allouée, au film que j’attends non seulement le plus de cette nouvelle édition cannoise, mais aussi de l’année. A titre personnel, Julia Ducrounau a été extrêmement importante dans mon parcours de cinéphile, car elle m’a donné le goût du cinéma d’horreur, de ses tensions avec d’autres genres, ses résonances avec des concepts plus abstraits, intimes, et surtout une constante maximisation des sensations. Qu’on aime ou pas Grave et Titane, ce sont des films visuellement extrêmement aboutis, qui viennent te triturer autant l’esprit, que le cœur et l’estomac, mais surtout, des œuvres imprévisibles et jusque-là, difficilement appréhendables ; allant des surprises liées aux scénarios, aux thèmes abordés par la réalisatrice. Je suis encore tremblant de la relation père-fils/fille mise en scène dans Titane, et suis hautement impatient de découvrir ce qu’elle va nous réserver, avec en plus un budget conséquent de plus de 10 millions d’euros, bien qu’à priori, plus centré sur le drame que l’horreur. On retrouvera en plus un casting 5 étoiles, le BG français Tahar Rahim dans une transformation corporelle à priori impressionnante (rappelant sur le papier Christian Bale sur The Machinist) sans oublier Golshifteh Farahani, actrice franco-iranienne au talent et charisme indiscutable, Emma Mackey qui ravira l’ado fan de Sex Education en moi, Finnegan Oldfield trop souvent sous-estimé, et surtout, comme pour Grave avec Garance Marillier et Ella Rumpf, et Titane avec Agathe Rousselle, potentiellement une nouvelle grande révélation en la personne de Mélissa Boros.
A suivre de très près donc, le film sortira par ailleurs le 20 août, date pas anodine, soit le même emplacement qu’Emilia Pérez et Anatomie d’une chute, deux films français dont il me paraît risible de rappeler le parcours prestigieux.
Sans ordre, d’autres films qui me font un bon coup d’oeil : Marcel et monsieur Pagnol de Sylvain Chomet – Mother and child de Saeed Roostae – Amélie et la métaphysique des tubes de Liane-Cho Han Jin Kuang et Maïlys Vallade – Valeur Sentimentale de Joachim Trier – La Petite dernière d’Hasfia Herzi – Sons of the neon night de Juno Mak – Amrum de Fatih Hakin – La Disparition de Josef Mengele de Kirill Serebrenikov – Caravan de Zuzana Kirchnerová – Once upon a time in Gaza de Mohammed Abou Nasser et Ahmad Abou Nasser – The Chronology of water de Kristen Stewart – Un fantôme utile de Ratchapoom Boonbunchachoke – L’aventura de Sophie Letourneur – Put your hand on your soul and walk de Sepideh Farsi – Le roi soleil de Vincent Maël Cardona – Yes de Nadav Lapid
Et encore d’autres…
Commentaires