Un après-midi au cœur de Ciné-Relax et échange avec sa coordinatrice, Juliette
Monnier.
Le samedi 11 novembre 2023 les portes du cinéma Chaplin Denfert se sont ouvertes à nous pour
observer l’équipe de l’association Ciné-relax en action. Durant cette séance relax organisée
par sa coordinatrice Juliette Monnier nous avons pu avoir une démonstration de l’efficacité
des bénévoles qui ont pour mission de veiller à ce que tout le monde passe un moment
agréable.
Arrivé sur place je suis accueilli par Juliette et les diverses bénévoles qui viennent
aussi bien du quartier que de la province, un sourire aux lèvres Juliette nous introduit le
principe, les différents acteurs et leurs rôles durant la séance avant l’arrivée du public.
Chacun revêt son uniforme et se prépare.
Dans la salle ,les spectateurs prennent place guidés par l’équipe dispersée dans le cinéma.
Une fois tout le monde installé, Juliette prend la parole un court instant dans le but de
présenter rapidement l’association et son concept. S’ensuit une bande-annonce animée et
dynamique annonçant la couleur, puis la projection de L'Incroyable Noël de Shaun le
mouton (un film court sur le thème de Noël adapté pour le public) peut débuter.
Tout le monde semble ravi, dans les derniers rangs les enfants bougent encadré par
l’équipe, d’autres expriment vocalement leur émotions sans que cela ne pose problèmes;
car c’est là toute l’idée d’une séance Relax. Profiter d’un moment au cinéma en étant à son
aise même atteint de handicap sans se sentir jugé.
Résultat, les plus grands comme les plus petits ont pu apprécier le film à leur manière ce qui
représente une victoire pour l’équipe qui s’en réjouit mais note tout de même des axes à
améliorés lors du débrief d’après séance.
Durant ce temps de discussion, le futur de l’association pour les mois à venir se dessine :
Des formations pour les futurs bénévoles sont à prévoir ainsi que les dates pour les
prochaines séances. L’heure est ensuite venue de s’entretenir avec Juliette .
Autour d’une boisson chaude, cette passionnée du septième art, de 26 ans depuis toujours,
nous fait part de son parcours qui l’a conduite à Ciné-Relax. De son Master Audiovisuel à la
création de son site d’actualité (aujourd’hui fermé) jusqu'à son arrivée en tant que bénévole
à Cinéma Différence, Juliette nous partage son amour et ses convictions autour du cinéma
et son importance pour l'accessibilité pour tous.
Avez-vous envisagé des séances en audiodescription ?
Nous encourageons nos salles de cinéma partenaires à être dans l’inclusion totale pour
prendre le handicap sensoriel et le public avec des comportements atypiques.
C'est -à -dire qu’ils sont libres de proposer une séance audio décrite et sous-titrée. On
l’encourage et dès que c’est possible on le fait. Pour cette fois-ci, ce n’était pas proposé
mais autrement, les films qu’on propose le sont. Simplement, la plus value d’une séance
Relax pour le handicap sensoriel, la réponse et la solution d'accessibilité sont de l’ordre
technique. Si un cinéma souhaite accueillir un public malvoyant il faut proposer toutes les
séances en audiodescription s’il le veut, cela passe par un casque individuel, le public
pourra complètement aller au cinéma de manière autonome. Hors sur la séance Relax la
présence des bénévoles formés qui crée un cadre rassurant, bienveillant et qui permet les
allers et venus en séance, c’est vraiment leur rôle qui permet une accessibilité humaine et
une réponse d'accessibilité humaine à un public qui habituellement se sent exclue de ce
lieu culturel.
Des présentations de films sont-elles possibles ?
Sur les séances relax il n’y a pas de bandes annonces car on essaye d’aller au cœur du film
directement puisqu’on est sur un public qui peut avoir des difficultés d’attention, on essaye
donc de gagner du temps un maximum. L’essentiel du discours d'introduction, pour nous il
n’a pas de prétention cinéphile à introduire le film et le présenter et à rentrer dans l’analyse
d’images ou d’un débat, il est vraiment là pour rassurer les familles, rappeler le principe de
la séance, spécifier le fait que tout le monde est le bienvenue, que certains spectateurs
auront des émotions différentes dans le cadre du film mais le discours doit être le plus
concis possible et il est là pour ça avant tout et pour rappeler qu’on est disponible pendant la
séance pour répondre à leurs besoins s’il le faut. Je le fais souvent moi-même par plaisir
mais j’évite de le faire pour essayer d’être sur un temps le plus concis possible et pour
capter l’attention du public.
Juliette insiste bien sur le côté convivial des séances Relax tout en précisant que l’ambition
première n’ai pas d’être dans l’événementiel mais bien dans l’encadrement et
l'accompagnement.
Incitez vous les accompagnants à suggérer des films pour les prochaines séances ?
Nous considérons que c’est plutôt un travail d’expertise de la salle de cinéma de proposer
un film de la programmation habituel, par contre on peut écouter leurs désirs et retours ,par
exemple il est possible qu’il est des erreurs de programmation qui surviennent ,simplement
parce qu’on ne s’y attend pas et que le film n'ait pas adapté. Nous avons eu ce cas avec le
nouveau film de Pixar Buzz l’Eclair, nous pensions qu’il serait adapté ,sauf qu’il s’est révélé
très dur à comprendre . Il y a trois Buzz différents ,des retours dans le passé ,ce qui rend la
compréhension de l’histoire très difficile. Suite à cette projection au cours de laquelle le
public nous as dit que ce n’était pas du tout adapté, nous essayons donc d’être très vigilant
tout en restant à l’écoute de leurs besoins et retours. Pour les fêtes de fin d’année beaucoup
d’entre-deux souhaitent un film de Noel ,mais nous ne pouvons pas nous permettre de leur
demander expressément .Nous essayons aussi de passer du dessin animé au film de fiction
en prises de vue réelles, pour permettre à toutes les générations d’assister à nos séances
afin qu’elles ne soient pas uniquement identifiées que pour les enfants. Ce point est très
important parce que le handicap touche tout le monde à tous les âges et nous voulons
permettre aux adultes de venir aussi .
Comment parvenez vous à trouver l’équilibre entre tous les facteurs cités précédemment ?
Sans être un casse-tête ,c’est un vrai travail avec le cinéma. Pour la fin d’année on va
évidemment essayer de faire plaisir aux familles en proposant des films sur le thème de
cette période chaleureuse, autrement c’est à nous veiller à l’alternance dessins animés et
autres. Il faut savoir qu’on ne choisit que des films en version française, pas de version
originale, ce qui est une grosse contrainte pour certains cinémas. Heureusement le cinéma
français est très varié et il y a de multiples choix, par exemple Halloween ne rime pas
forcément avec films d’horreurs car on n’en propose pas pour les séances Relax ,donc il y a
tout de même du bon sens dans la programmation.
En prenant en compte tous ces facteurs, avez-vous toujours réussi à trouver des films
adaptés ?
En cas de situation compliquée, nous savons très bien qu’il y aura des creux dans les
diffusions des films. Heureusement grâce aux partenariats que nous avons avec les
distributeurs qu’on a créé, quand un film n’est pas adapté nous pouvons faire appel à leurs
catalogues afin de permettre des ressorties. On travaille avec l’ADRC ( Agence pour le
Développement du Cinéma en Région ) le but est de permettre que l’association
accompagne les salles à proposer des films appartenant au patrimoine.
Dans tous les cas, si la programmation actuelle ne le permet pas, on peut toujours avoir
accès à leurs catalogues afin d’avoir un film à montrer. On encourage d’ailleurs les salles à
chercher un peu partout pour que les films soient adaptés.
Êtes-vous uniquement sur des cinémas “Art et essais” ?
Alors, à l'échelle de nos salles de réseaux, je pense que la grande force de notre
association c’est que notre dispositif s’adapte à toutes les salles. Dans ce cas précis
notamment, les fauteuils roulants ne sont pas compatibles. Parfois nous sommes présents
dans de gros multiplexes, à Paris par exemple on est dans les UGC, les Pathé et les CGR.
On peut donc passer de la petite salle de campagne au grand cinéma parisien. Nous
travaillons vraiment avec une vaste diversité de salles.
Avez-vous déjà pensé à faire des partenariats avec le Grand Rex, par exemple ?
Alors non et ce n'est pas prévu , mais certains cinémas proposent parfois de véritables
événements comme des avant-première dans le cadre des séances Ciné-Relax.
Et est-il envisageable de travailler avec des salles très populaires ?
Si à l'échelle de Paris nous sommes ouverts à cette idée, c’est déjà le cas à l’échelle
nationale et lors du Festival de Cannes de l'année dernière nous avons conclu un
partenariat avec le réseau de salles CGR, afin d’accompagner à terme toutes leurs salles
de cinéma. On travaille quand même assez souvent avec des réseaux emblématiques, il y a
de plus en plus de grandes salles qui souhaitent intégrer notre dispositif dans l’intégralité de
leur contexte, donc aucune restriction là-dessus. On peut aussi signer à l'échelle de
réseaux si on a des demandes mais on reste sur notre objectif premier de maintenir
l’équilibre des séances relax. car si une séance est trop animée, ça peut générer trop de
difficultés. On préfère donc une atmosphère plus calme pour que le public se sente bien.
Cependant, rien n'empêche d’être dans l’évènementiel puisque lors des spectacles vivants
on organise des séances rassemblant plus de deux mille personnes, la contrainte n’est donc
pas le nombres de places ou de personnes. Nous pouvons également aller plus loin en
participant à certains festivales qui nous contactent, comme celui de la Rochelle.
Il faut bien comprendre que le principe de nos séances s’adapte facilement ce qui nous
permet d’être partout.
Et comment expliquez vous le succès de l'association auprès des distributeurs et autres
réseaux ?
C'est un concept qui fonctionne parce qu'il est unique et que nous sommes les seuls à le
proposer mais aussi parce que beaucoup d'établissements ponctuels comme les cinémas,
sont de plus en plus obligés de se poser la question sur l'accessibilité. Et nous qui existons
depuis 2005 avons beaucoup de demandes et l'inclusion a fait son chemin, ça plus le fait
que maintenant la salle de cinéma peut se positionner comme un lieu culturel.
Sans compter que nous prenons vraiment le temps d'être à l'écoute des retours du terrain,
nous travaillons avec un réseau qui nous fait des remontées, qui travaille vraiment avec ces
publics et je pense que ça c'est vraiment la clé de nos séances relax.
Sans compter la sensibilité de nos bénévoles que nous formons, et qui ont la bonne posture
pour être aux côtés des spectateurs; et je pense que ça rassure les familles de savoir que
nous sommes un dispositif serein et de bonne qualité dans lequel l'accompagnement est
vérifié à hauteur de 80 salles et mine de rien, le fait de savoir que je vais retrouver la même
chose dans n'importe quel salle de province où on opère, c'est, je pense, un gage de qualité
pour les familles.
Partout où nous sommes, l'identification est la même grâce à nos uniformes, nos
installations et nos discours d'introductions; Ainsi, tous ces facteurs apaisent les gens qui
sont rassurés de retrouver le même principe partout.
Et j'imagine que pour toi Ciné Relax à une importante au quotidien ?
Oui puisque c'est mon métier. Nous sommes une petite équipe à Ciné Relax et moi j’en suis
la coordinatrice du réseau Relax, cela signifie que je coordonne et fédère ce réseau national
en leur proposant des temps forts pour le réseau existant, sur le handicap notamment. Je
suis toujours à leur disposition pour leur suggérer des films et m'assurer que toutes les
séances se passent bien. Je leur propose également des outils pour améliorer leur façon de
faire au sein du territoire pour vraiment garder le contact ; en parallèle j'accompagne les
nouvelles salles de cinéma et les nouveaux partenaires qui veulent nous rejoindre. Quand
des nouveaux bénévoles veulent nous rejoindre, il y a une formation puis je les accompagne
sur les premières séances donc j'ai deux casquettes ; je suis à la fois à la gestion de
l'association, l'animation ainsi qu’à la création de nouveaux dispositifs pour Ciné Relax.
Tu es salariée mais combien d'employés êtes-vous exactement ?
Nous sommes trois, plus précisément un directeur général et une collègue qui a des tâches
similaires à la mienne à savoir l'accompagnement aux spectacles vivants qui ont lieu à
l'Opéra et aux théâtres qui souhaitent rendre leurs propositions culturelles accessibles, avec
l'accompagnement et la formation derrière.
Et selon l'évolution de Ciné Relax, des recrutements sont t'ils prévus ? Que ce soit de
nouveaux salariés ou de nouveaux bénévoles ?
Pour les bénévoles ils restent sur des territoires précis, comme c'est le cas pour toi (Arthur,
le rédacteur, bénévole à Ciné Relax) dans le 14ème. Nous avons à peu près 7 à 10
bénévoles par dispositifs et par séances, ce qui amène à un total d'au moins 700 bénévoles
à Ciné Relax en France. Pour ce qui est de la vie associative nous aurons peut-être besoin
de personnes sur le domaine de la communication, pour gagner en visibilité et en impact de
communication au niveau national .
Donc pour le moment nous sommes une petite équipe et nous arrivons à répondre aux
besoins et demandes qui parviennent. Mais à terme ça changera sûrement.
Et justement, pour la communication comment vous procédez ?
Nous sommes référencés grâce à un site internet dans lequel on rassemble toutes les
propositions pour l’association, que ce soit en spectacle vivant ou en cinéma, permettant
ainsi aux familles de suivre l'activité dans leur ville sur le site. Ensuite ils peuvent s'inscrire à
une newsletter pour se tenir au courant chaque mois de la programmation; nous
fonctionnons également par brochures papiers, nous sommes aussi présents sur les
réseaux sociaux Facebook, Linkedin et Twitter.
Il faut aussi préciser que chaque ville communique entre elles via les partenaires et la
presse locale, c'est notre communication à l'échelle nationale. Nous pouvons aussi compter
sur des passages à la radio et à la télévision où les médias parlent de nos séances.
De quelle façon l'association génère des revenus pour permettre la rémunération de
l'entreprise et celle des salariés ?
Nous sommes une association subventionnée par le Ministère de la Culture mais aussi par
des aides extérieures comme des mécènes ou des fondations qui nous font confiance pour
mener à bien nos missions. Nous sommes également soutenus par des partenaires privés.
Et notre accompagnement est payant pour les structures, ce qui implique que les
établissements qui souhaitent monter un projet Relax doivent débourser un certain coût qui
prend en compte la formation qu'on donne, la communication papier, la tenue des bénévoles
et les affiches qu'on leur fournit.
Donc tout cela à un coût qui permet des rentrées d'argent.
En revanche, nous ne touchons aucun bénéfice sur la billetterie, c'est réservé à l'association.
Et toi comment tu es entrée dans l'association ?
J'ai commencé en tant que bénévole, car le bénévolat a toujours été présent dans ma vie
tout comme le cinéma. Quand j'ai vu que je pouvais faire cohabiter les deux dans une
mission qui avait du sens à savoir, permettre à tout le monde de partager la salle de cinéma,
que ce soit avec des personnes en situation de handicap ou non, ça me semblait très
cohérent. Donc lorsque un poste s'est libéré au sein de l'association, je n'ai pas hésité une
seconde à postuler.
Je sortais tout juste d'études cinématographiques, en plus la coordination et le réseau m'ont
toujours intéressée. Depuis je m'épanouis pleinement dans ce que je fais.
En dehors de nos questions, Juliette souligne l'importance pour elle de faire un métier qui a
du sens et de l'impact réel dans le changement des mentalités. Que ça concerne le domaine
du handicap ou de l'éducation / pédagogie.
Maintenant Ciné Relax à un impact direct et immédiat auprès des familles, d’où
l’importance d'accompagner les salles dans cette direction.
Et parallèlement, dans quels autres bénévolats tu es active ?
Aujourd'hui et depuis un bon moment je suis bénévole dans une association qui agit dans le
milieu carcéral. J'y accompagne des ressortissants ou des personnes en prison afin qu’ils
aient des activités culturelles pendant leur détention. Cette association s'appelle Champ
Libre et j’y suis très investie ainsi que dans le domaine du cinéma.
Globalement la vie associative a toujours fait partie de ma vie, j'ai même de l'expérience en
tant que scout et guide.
En compilant toutes ces activités, ta façon de vivre un film a-t-elle changée ?
J'ai la certitude que même si elle a un coût, la salle de cinéma reste accessible pour toutes
sortes de publics. Je pense que c'est encore un loisir populaire qui peut rassembler des
spectateurs divers autour d'un même film, ce qui n'est pas le cas de tous les endroits
culturels. Je pense que c’est un lieu qui a encore cette capacité à fédérer l'intérêt
générationnel. De plus, ce qui fait la grande force du cinéma c'est de parler à tous. J'espère
que Netflix ne détruira pas ça malgré son omniprésence. Car si les plateformes de
streaming sont sympa, il ne faudrait pas que ça prenne le pas sur les salles de cinéma.
Le plus important étant de garder cet esprit de partage d'émotions durant une séance de
cinéma.
Pour moi ça a changé beaucoup de choses mais en France c'est très stricte parce qu'on ne
peut pas échanger durant la projection ni bouger ni vivre la séance à sa façon comme c'est
possible dans d'autres pays comme l'Inde ou l'Italie où les spectateurs vivent les choses à
fond. A partir de ça je pense que la séance de cinéma peut devenir quelque chose de plus
vivant où les gens peuvent s'exprimer et la séance Relax en est là preuve.
Tout en exprimant son point de vue sur l'importance des séances où la liberté d'expression
est primordiale, Juliette souligne que le budget pour se rendre au cinéma est certes un frein
non négligeable mais elle pense que ça en vaut largement la peine.
Comment as-tu découvert Ciné-Relax ?
En faisant des recherches sur internet tout simplement. Je regardais s'il y avait du bénévolat
dans le domaine du cinéma sur Paris, je ne savais même pas si ça existait. Et lors de mon
Master quelqu’un avait fait un exposé sur “Cinéma Différence” (premier nom de
l’association), ce qui m'a donné l'occasion de concrétiser cette recherche .
Ce fût une trouvaille à la hauteur de ce que j'attendais, j'ai d'ailleurs été bénévole pendant la
crise sanitaire même si j'ai eu peu l'occasion de faire mes preuves avec ce statut.
Heureusement ma place actuelle me permet d'être beaucoup plus active et d'avoir une
vision extérieure des choses, ce qui est tout aussi bien.
Te souviens tu de la première séance Relax ? Du film qui était diffusé ?
Si mes souvenirs sont bons, c'était Le château ambulant de Miyazaki en mars 2005. Plus
précisément à l'Entrepôt (un petit cinéma indépendant, situé dans le 14ème, près du siège
social de l’association). Dans l’historique de Ciné Relax, c’était ce cinéma avant les Chaplin
et le Majestic Passy dans le 16ème; puis le bouche à oreilles a permis l'extension dans
d’autres villes, ce qui nous fait arriver actuellement à près de 80 salles.
En dehors de ton poste à Ciné Relax, as-tu d'autres activités en rapport avec le cinéma ?
Je suis entrepreneuse. J'ai une auto-entreprise et j'accompagne les professionnels de
l'éducation à l'image. Cela consiste à permettre aux plus petits d'être les spectateurs de
demain en les sensibilisant à l'image.
Il y a des dispositifs qui sont pensés pour accompagner les enfants, de la maternelle au
lycée, à aller découvrir la salle de cinéma tout au long de leur scolarité. Moi je forme les
enseignants à pouvoir parler de cinéma avec des enfants. Je donne également des cours de
cinéma avec la ville de Paris, ça a lieu dans le 12ème arrondissement, au Centre Paris
anime, tous les Mardi soir. j’y enseigne l'histoire du cinéma. Enfin, étant titulaire d'un CAP
Projectionniste, je présente de la pellicule à des enfants, je leur fait visiter des salles de
projections et pour finir j'organise des séances de ciné débats.
Depuis quand aimes tu le cinéma ?
J’ai toujours adoré, depuis ma plus tendre enfance, j’ai vu beaucoup de films. J’allais
beaucoup à la médiathèque avec mes parents pour prendre des DVD, ce qui m’a très vite
donné le goût du son et de l’image. Je n’ai pas été formée à la télévision, en revanche j’ai eu
la chance d’être dans un établissement scolaire qui proposait des options cinéma et ce à
partir de la 6ème. Je possède également un BAC Audiovisuel cinéma. Très vite le cinéma
s’est présenté comme une vocation. Il me restait à savoir comment je pourrais travailler
dans le milieu. J’ai aussi voulu passer la FEMIS mais j’y ai renoncé, par contre le monde de
la salle de cinéma m’a toujours attiré. En plus de tout ça, je répertorie toutes les actualités
autour du cinéma dans Paris sur un site internet intitulé la Bobine Parisienne. Avant, j’avais
un projet du même nom qui consistait à organiser des séances de cinéma gratuites chez
moi avec des inconnus, que j’animais. Cela a pris fin lorsque le CNC est intervenu car c’est
interdit par rapport aux droits d’auteurs. Il n’empêche que c’est une expérience qui m’a
beaucoup plu.
Quand avez-vous changé le nom de l’association ?
Je suis arrivée pile à cette période, c'était déjà en discussion depuis quelques années.
Il faut savoir qu’en 2018 nous nous sommes ouverts aux spectacles vivants. Donc
“Cinéma-Différence” ne correspondait plus à ce qu’on était. Il fallait trouver un nom qui
englobe tous les lieux culturels où on était présent. On en revient à ce que je disais,
l’inclusion a fait son chemin aujourd’hui. Nous souhaitions changé de nom pour valoriser non
pas la différence supposée de nos spectateurs mais le cadre bienveillant et relax dans
lequel ils allaient pouvoir se rendre. Le but était de mettre en évidence les conditions
aménagées qu’on propose. C’est pour toutes ces raisons que le terme “relax” est bien plus
parlant en guise d’ambassadeur de notre dispositif. C’est aussi une manière unique et facile
de nous identifier.
Si tu devais présenter l’association, en tant que public et salariée ?
Si je devais en parler à une personne à la recherche d’un bénévolat, je lui dirais que c’est
une action qui à beaucoup de sens. On a toujours un retour immédiat de ce qu’on fait. “Si
vous n’êtes pas là, le public ne pourrais pas venir.” Ils nous signifient clairement que
notre action a un impact direct grâce à notre présence. Cela veut aussi dire que nous
sommes d’utilité publique. C’est également un bénévolat léger qui ne nécessite pas
beaucoup de temps à raison d’une séance par mois. Je pense aussi que c’est un bénévolat
convivial qui permet d’assister à des moments uniques, comme la première séance de
cinéma d’une personne et de pouvoir l’accompagner pour lui permettre de vivre cet instant
au mieux. C’est très gratifiant et ça souligne pour nous l’implication d’un bénévole. Il faut
rappeler que l’ouverture au handicap n’est pas une chose facile, et ce bénévolat marque
aussi un tournant dans la vie de quelqu’un et dans son rapport aux autres qui peuvent avoir
une vision différente qu’il faut accepter. Pour résumer, si quelqu’un me pose la question, je
lui répondrais : “Je comprend que vous avez vécu des choses difficiles comme des
jugements ou des réflexions mais ici c’est un endroit pensé pour vous et rien que
votre présence durant nos séances, qu’elles soient de courtes durée ou plus
représente déjà une victoire dont vous pouvez être fière. Et dans tous les cas vous
aurez l’opportunité de vivre un bon moment quand bon vous semble sans
jugements.”
Nous remercions Juliette pour le temps qu’elle nous a consacré en partageant au passage
quelques idées communes sur le cinéma. Nous ressortons de cet après-midi aux côtés de
l’association convaincus et séduits par les principes de Juliette qui nous a proposé de
prochaines rencontres. Suite à cet échange nous avons comme dans l’idée de vouloir
retravailler avec Ciné-Relax et nous vous recommandons à notre tour de vous pencher sur
le sujet.
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