La Jeune Femme à L'Aiguille - Le cabinet de la faiseuse d'anges
- Tom Belarbi
- 12 avr.
- 13 min de lecture
écrit par Tom Belarbi--Jean
Cannes et le cinéma d’horreur, ça n’a sur le papier pas toujours vraiment été une grande histoire d’amour, les films de genre se font rare, certes car la production cinématographique accentue ses modèles de production sur des œuvres de divertissement plus que d’auteur, mais aussi et surtout car les rares films de genre à passer sur la croisette se retrouvent bien souvent relégués aux sempiternelles séances de minuit, hors compétition ou aux abords de la quinzaine et semaine de la critique. En revanche le festival semble mettre un point d’honneur à offrir chaque année, son lot d’électrochocs, de films qui viennent sonder les tréfonds de l’âme humaine et mettre dans une position inconfortable le spectateur ; et créer quelques traumatismes auprès des vieux habitués, bourgeois de préférence, pas vraiment préparés aux chocs en question. Au-delà de la palme d’or Titane (qui aura en plus laissé une trace indélébile dans l’audiovisuel avec cette vidéo qui résume bien le bordel ambiant), et d’autres cinéastes comme Michael Haneke ou Lars Von Trier, qui peuvent mettre à bout de nerfs les spectateurs les plus sensible, il me paraît criminel d’aborder cette facette moins lisse et étriquée du festival de Cannes sans dire un mot sur Gaspar Noé. Avec Irréversible (et une vidéo culte de plus), le monsieur a clairement démontré que même les films les plus sombre et dérangeant pouvaient fouler le tapis rouge et se mesurer à d’autres œuvres plus « académiques », en plus d’offrir quelques traumatismes au passage. Du cinéma extrême en somme, et c’est un peu la démarche que peut sembler prendre Magnus Von Horn, cinéaste suédois qui a enfin pu monter l’iconique tapis rouge, après une sélection 2020 avortée pour son précédent long, Sweat. Déjà un portrait de femme, plus actuel ceci dit, le réalisateur établissait un constat aussi ironique que glaçant autour du monde de l’influence, laissant un véritable arrière-goût amer sur le destin de son héroïne. Son nouveau long, La Jeune Femme à l’aiguille est plus que dans la droite lignée, le réalisateur semble même décidé à passer un cap et lorgner du côté de l’horreur ; avec en supplément une photo noire et blanche et direction artistique pas sans rappeler un certain expressionnisme allemand, dans un contexte glauque de fin de Seconde Guerre Mondiale où la vie tumultueuse d’une femme, Karoline, qui va petit à petit tomber dans les abîmes de l’âme humaine et de la détresse. Maintenant, le film réussit-il son objectif d’œuvre choc, techniquement un peu malmené par la sur-présence médiatique du The Substance de Coralie Fargeat, et surtout, est-ce au-delà de ça un bon film, voire une des œuvre sous-côté du dernier festival ?

Si le film est sans nul doute bien moins extrême que n’importe quel Gaspar Noé ou Lars von Trier (il faut dire qu’à part niveau malaise, la comparaison s’arrête là), il a su cliver dès sa présentation à Cannes. Il faut dire que le projet semble être né pour diviser le public, puisque le cinéaste suédois propose, avec son portrait de femme, une véritable descente aux enfers dans les abîmes de l’âme humaine, jusqu’à l’inclusion dans sa seconde moitié, d’un fait divers réel et pour le moins… extrême. Dès le titre, il est facile de comprendre où le métrage peut emmener son spectateur, dans quels tréfonds, entourant des thèmes comme la maternité, et le réalisateur honore son contrat en mettant son personnage dans des situations particulièrement extrêmes, des dilemmes moraux cornéliens et autres moments de misère qui ont de quoi flirter avec du misérabilisme. C’est d’ailleurs principalement ce qui a été reproché au film sur la croisette et par moi-même, puisque convoquant de surcroit, son artificialité, le fait qu’à force d’emmagasiner les situations horribles et les détails d’horreur, le long-métrage perd en puissance, voire, flirte avec la redondance. Dans un même cas de figure, les Dardenne sont aussi connu pour accentuer à un tel niveau la détresse de leurs personnages, qu’ils peuvent créer un vrai sentiment de détachement, pour eux, et les spectateurs, face à la réalité des faits qu’ils tentent d’aborder. En cherchant à faire un état des lieux d’une misère sociale véritable, mais aussi de faits réels que le film adapte, on peut légitimement questionner la représentation des personnages qu’en fait le cinéaste ; qui met ironiquement en scène, notamment, un homme, gueule cassée devenue bête de foire. Une mise en abîme peut-être pas si involontaire, mais qui peut questionner la légitimité morale du film, et surtout, de notre rapport morale aux images. Je ne fait pas partit de ces spectateurs particulièrement touché par la morale en art, je pense qu’un excellent film peut être profondément amoral ou immoral, voire questionner son fond puant par la mise en scène plus que le scénario stricto-sensu. Quoiqu’il en soit, j’ai plusieurs fois parlé de « l’abjection » théorisée par Rivette, et cela a à voir en partie avec cette débauche de violence psychologique semblant sans limite et sans mesure : à partir de quand, la représentation purement esthétique flirte avec la morale, et donc l’appréciation esthétique du spectateur ? Avec la décence surtout, peut-on tout faire en art sans que cela devienne problématique ? Personnellement j’adore ça les œuvres problématiques, et même si je trouve que Magnus von Horn flirte dangereusement avec une représentation putassière via ses personnages, il accouche aussi d’un film terriblement jusqu’au boutiste, qui ne cache pas ses ambitions, aussi impures soient-elles, mais qui se limite vite à ce sentiment de débauche pour entièrement m’emporter.

En tout cas, je pense que La Jeune Femme à l’aiguille n’est pas un film creux, ce qui aurait pu être un véritable problème, dans la mesure où le déchaînement de violence, surtout psychologique, sur le personnage principal, et les spectateurs, s’accompagne d’un but, ayant un lien avec le fond du film, qui là en revanche, me pose plus question. Le long-métrage aborde de manière frontale la place de la femme dans un Copenhague marqué à vif par la seconde guerre mondiale, donc dans une époque non contemporaine, où Karoline, qui derrière l’espoir d’un retour à la normale, d’une réunification et de prospérité, se prend de plein fouet la désillusion d’une époque sans pitié ni merci pour les laissées pour compte vulnérables. Au-delà de dresser le constat sur le fameux « nous vivons dans une saucisse », Magnus von Horn dresse surtout le portrait d’une société de plus en plus âpre et froide, forçant la déshumanisation et mise au banc social de ces personnages, dont le simple but est de survivre à la misère ; voire de revendiquer ses droits fondamentaux. C’est notamment avec l’arrivée de Dagmar, personnage dont je vous somme de ne pas rechercher les inspirations si vous n’avez aucune idée de qui elle est inspirée, que le film, simple descente aux enfers mortifère mais un peu simpliste, fait rentrer une réflexion plus approfondie sur la moralité des personnages. Au-delà d’en faire des victimes de la société, les femmes du long-métrage sont contraintes de procéder à des méthodes froides, voire inhumaines, mais surtout en total décalage avec leur époque. La relation entre les deux femmes, proche d’une sorte de sororité, marque un tournant dans l’ambiguïté de ces-dit personnages, ce qui peut créer un vrai sentiment de déstabilisation, pour le meilleur comme le pire. Celle culmination dans l’horreur, dont je vous laisserai découvrir les moindres détails en visionnant le film, pose quand même pour moi, une question sur le cinéma du metteur en scène suédois, soit, sa manière de toujours trop en faire, de rajouter des surcouches thématiques à un récit déjà bien garnit, qu’on bourre à un tel point que certains sujets semblent lui échapper, voire créer un réel contre son camp. C’était déjà le cas dans Sweat, film sur le monde de l’influence 2.0 où l’on suivait sur quelques heures le quotidien d’une instragrameuse du fitness, autant dans son quotidien, intimité et entourage proche, que ses problèmes personnel, son rapport à son rôle, ses fans, et plus particulièrement un stalker. Le film m’avait donné l’impression, non pas de se perdre en court de route, mais de ne jamais vraiment savoir où aller, de donner à voir de multiples embranchement, mais qui ne se complétaient pas. Son nouveau film souffre d’un problème similaire, bien que rattrapé par la simplicité presque perverse de son dispositif, qui dès lors, peut voir comme une occasion rêvée le fait d’apporter un peu de chaire à un récit brut de décoffrage, pouvant rapidement tourner à vide et devenir redondant dans son horreur. Or, le problème, c’est que le réalisateur a là de nouveau eu du mal à équilibrer tous ses thèmes et personnages, ayant tous comme dénominateur commun une certaine forme de misanthropie, une recherche toujours plus abrupte et cinglante des tréfonds de l’âme humaine, qui par moments peut sembler assez immature ou juste purement stylistique. Sauf que si le film n’est dès lors, pas vide, il reste à mon sens, assez plat, et tombe quelques fois dans les travers et facilités du misérabilisme que j’évoquais plus haut ; parce qu’à force de vouloir aborder pleins de sujets, le réalisateur finit par n’en traiter convenablement que trop peu, laissant plus un champ des possibles, de l’évocation, plutôt qu’un traitement réel et pertinent ; qui peut rapidement être mal interprété. Je pourrai même être un peu mauvaise langue et dire que sans le carton final, très explicite, au final La Jeune Femme à l’Aiguille ne raconte pas grand-chose, voire rend encore plus brouillon le fil du récit, passant sans prise de tête de situations diverses et variées, allant de l’injustice sociale amorçant l’intrigue, l’avortement, la maternité, les traumatismes de la guerre (traités comme un cauchemar), la monstruosité corporelle ou sociale, etc, etc. Or, en voyant le synopsis, les intentions et surtout ce carton final, on sent que le gros du film se situe dans la relation entre Karoline et Dagmar, qui est en tout cas selon moi, la chose la plus passionnante et vecteur des meilleurs coups d’éclats du film. Abordant le lien entre la maternité avec la monstruosité, le réalisateur traite singulièrement de ce lien avec sororité, comme un vecteur d’épanouissement et de considération, au prix d’un dilemme moral aussi cruel, aberrant mais aussi peut-être plus rationnel que la guerre qui les a précédé, si ce n’est, en avance sur leur temps, sur le contrôle de leur corps et représentation sociale. Moralement parlant, le film me paraît donc trouble, pas tant d’un point de vue psychologique, mais parce qu’il ne maîtrise pas entièrement l’entièreté de son fond, qu’il passe à côté de la représentation de certains thèmes, allant d’une imagerie putassière, à des relations plus subtiles, mais qui en faisant vivre l’enfer à ses personnages et son spectateur, réussit au moins à apporter un goût amer sur leur récit, sa violence, qui prend trop de place mais à qui ont apporte un traitement aussi frais que surprenant. Cependant dans tout ça, on se demande jusqu’à où déranger le spectateur semble le but, en dépit des réussites esthétiques, d’écriture et de mise en scène, du long-métrage.

Dis comme ça, La Jeune Femme à L’Aiguille a donc quoi repousser, même si certains pourraient ne pas du tout être réfractaire au fond très limité du film, son manque de rigueur à ce niveau m’a en revanche à plusieurs reprises un peu saoulé. Cependant, là où Magnus von Horn exerce un pur exercice de fascination, c’est sur la direction artistique de son long-métrage, qui est plus que remarquable. Certains diront, à raison, que le film semble d’ailleurs bien plus préoccupé par sa forme que son fond, mais cette forme reste mine de rien particulièrement intéressante d’un point de vue plastique, autant pour ses ambitions que réussites techniques et émotionnelles. Dès le premier coup d’œil, avec sa photo noire et blanche plus que léchée, son travail des noirs et des ombres et sa mise en scène très stylisée, on retrouve, presque plus qu’avec le Nosferatu d’Eggers, une réappropriation et modernisation du cinéma expressionniste, notamment Allemand. De M le Maudit à Citizen Kane, en passant par Elephant Man, les Batman de Burton ou Nosferatu premier du nom, ce style a aussi imprégné la rétine du monde entier avec le célébrissime « cri » de Munch, plus ou moins repris dès le premier plan. Un style qui s’incarne dans le cinéma de Magnus von Horn dans une sophistication particulièrement soignée de la photographie, jouant à fond son imagerie hallucinante, mêlant un réalisme froid et une atmosphère quasiment gothique qui intensifie l’atmosphère malsaine et de malaise planant sur le long-métrage. D’une certaine manière ça rend le film un peu trop conscient de son statut, à la fois de ses influences issues d’œuvres âgées parfois d’un petit siècle, mais aussi de son envie de mettre en exergue les détails ragoûtant de son univers, la crasse ambiante et le climat particulièrement angoissant insufflé par le scénario via les visuels et la mise en scène ; qui permet au film de s’affirme pleinement en tant que pur cauchemar. Dès le premier plan, onirique, mais du côté des enfers, le film pose à plat de couture l’ambiance pour le moins sinistre qui va s’amplifier petit à petit, comme je l’ai dit plus haut, du côté du cauchemar, n’épargnant rien aux personnages comme aux spectateurs, même dans des détails que certains pourront trouver risibles (comme lors d’un accouchement à la frontière du misérabilisme). Un réel coup de poker, et surtout un véritable 360° après l’assez sage Sweat, du côté de l’image pure, se rapprochant dans son esthétique proche du docu-fiction, à ici, un thriller historique muant en conte à la noirceur visuelle comme thématique de son récit, qui finalement, se rapproche à certains aspects initiatique. La simplicité du récit peut être interprété de cette manière, mais où le merveilleux est remplacé par une imagerie plus réaliste et politique, des références à des sujets de société, où la morale évidente devient bien plus dense et profonde ; le conte est dès lors plus proche de ceux d’un Voltaire, dont la dimension philosophique se mue en réelle plongée en enfer visuelle. Pour autant au-delà du résultat palpable et qui continue de me hanter près d’un an après le visionnage, le choix d’esthétiser à outrance, de faire cinéma, quitte à sortir immédiatement de l’œuvre les moins investis, me paraît aussi malin que là aussi, légèrement contradictoire. Malin car plutôt que de raconter, comme les Dardenne, ce récit via un angle naturaliste, plus gris que la vie, donnant à croire à un réel finalement assez dénaturé, Magnus Von Horn ne sa cache pas, et ose l’onirisme et le genre avec son film, en prenant à bras le corps ses thèmes dans ses représentations visuelles, non sans gros sabots, mais avec une vigueur et puissance technique démente. Le film est très complet, joue sur les ombres, la lumière, les hors-champs, les costumes et surtout son incroyable bande-originale, incarnation parfaite de ce mélange de conte et de mauvais rêve. Pour autant la question que je me pose, si malgré ou à cause de cette barrière, ce film m’a de nouveau rappelé la pensée de Jacques Rivette, et son « De l’abjection », qu’à force de vouloir créer du beau par la mise en scène, ne fait-il pas du laid dans son propos ? Car si le film est plastiquement magnifique, cette complaisance visuelle peut en effet donner un sentiment contradictoire, où la pression psychologique infligé aux personnages et aux spectateurs, la débauche visuelle, dénature le propos et son intérêt. Pourtant je n’en tiendrai pas rigueur au réalisateur, car si j’y vois en partie un peu de complaisance, le fait est qu’il met en fin de compte toute cette démonstration de force stylistique au service d’imageries dépeignant bien moins une réalité sociale que des personnages troublés et troublants. En revanche, je trouve que le visuel du film perd d’une manière moins accentuée, mais tout de même visible, son souffle et sa puissance, jouant certes carte sur table dès le début, mais peinant à se renouveler, malgré une radicalité assumée de bout en bout. Il ressort du moins de tout ça, quelque chose de plus palpable que la puissance visuelle de ces images, celle sensitive, car dieu sait que La Jeune Femme à l’Aiguille sait être profondément troublant, et venir par une force implacable, rapprocher du spectateur de la folie qui s’empare petit à petit des personnages.

La descente aux enfers que propose le réalisateur arrive donc pour moi bien à percuter le spectateur, à le mettre dans un sentiment d’inconfort, pas si vain, autant pour le propos, brouillon mais assumant son appartenance à un cinéma de genre parfois aux frontières du dénommé « elevated horror », via la figure du monstre, tout en proposant une expérience radicale, et visuellement impactante. Pour autant tout ça ne sert pas qu’à l’épate, et la vraie réussite de ce film réside dans sa manière à rendre la mise en scène particulièrement active, voire moteur principale, de l’atmosphère pesante et anxiogène du récit, à un niveau où l’horreur psychologique flirte constamment avec le pur cauchemar, et donc l’horreur. L’expressionnisme est utilisé à son plein potentiel dans ce film, évidemment retravaillé pour adopter une photographie numérique, et plusieurs prouesses de mise en scène bien plus complexes à obtenir à l’époque, sans pour autant faire dans la grande débauche d’effets, à la manière d’Eggers. Loin des plans séquences à gogo, toute la mise en scène du film reste assez classique et apporte vraiment le sentiment de voir un hommage aux standards d’un style aujourd’hui peu représenté, complètement ravivé. Or, ce n’est pas ce qui marque le plus, car la vraie maestria technique du film de Magnus von Horn réside dans sa manière de mettre ce style au profit des thématiques qu’il met en scène, d’une manière putassière, parfois risquée dans son imagerie, mais qui m’emporte malgré sa grandiloquence. Principalement car elle raconte aussi quelque chose, d’une manière plus « émotionnelle » je dirai, mais le film parvient à faire ressentir toute la culpabilité primaire et en même temps désir d’émancipation qui pousse, au regarde des autres, à la monstruosité. J’ai entendu certains dire que le film pouvait être utilisé par des instances anti-IVG, car il réutilise son imagerie, et je suis d’accord, au détail que La Jeune Femme à l’Aiguille en montre les conséquences, dans une atmosphère glauque et surréaliste qui utilise finalement la violence en découlant pour apporter un propos bien moins simpliste. Au-delà de sa manière d’inclure l’horreur comme genre uniquement dans ses visuels surréaliste et angoissant, et non des présences fantastiques, de la violence racoleuse (le geste le plus violent du film est d’ailleurs en hors-champ, je parle de la scène de l’égout) et des stéréotypes de mise en scène comme le jumpscare, le cinéaste suédois prend le parti de surligner ses intentions via son style et son esthétique. La figure de la gueule cassée, symbole des traumatismes d’après-guerre, prend un sens quasi mystique par son allure dans tout le film, angoissante et sinistre, comme un monstre de film d’horreur, mais avec la dimension tragique qui lui incombe, son humanité déchue qui fait toute la force du personnage et son incarnation à l’écran. Pour reprendre l’aspect anti-IVG, le film de Magnus von Horn s’inscrit dès lors très intelligemment dans le film dit « historique », retranscrivant une époque passée de notre Histoire, pour mieux en ressortir tous ses aléas et transformer ses conventions esthétiques en purs produits à cauchemar. Le monstre étant une figure traitée par le film, dans tous ses aspects, celui du monstre humain, celui capable de l’irréversible, est de même, traité dans une caractérisation physique normale (une personne comme tant d’autres), mais dont on filme les actions avec le même niveau de suspens et de terreur qu’un thriller horrifique. Je trouve ces idées, parfois pas assez développées face à la montagne de sujets abordés par le cinéaste suédois, mais rafraîchissant, renouvelant les genres auxquels il se réfère, ses références même, pour créer une pure expérience de cinéma, alliant une folie visuelle assumée et une viscéralité constante qu’ont peut trouver risible, mais qui m’a pris aux tripes par sa simplicité et cette-fois, rigueur d’exécution.
La Jeune Femme à l’aiguille est plus qu’un film clivant ou imparfait, c’est un film monde et fragile, autant mue par de grandes qualités esthétique, que par de vrais soucis d’ordre thématique. Le fond sur le mal et le monstre semble pâtir d’une forme sur signifiante, pour le meilleur lorsqu’il s’agit de provoquer des frissons d’effroi, mais aussi pour le pire quand le film tente de traiter les thèmes lourds qu’il met en place. Pour autant, loin de moi vouloir condamner la démarche, car malgré ses défauts, j’admire la prise de risque, assumé tout du long, qui mine de rien, réussit à provoquer dans plusieurs images, le sentiment de voir du grand cinéma, mais aussi, l’un des film les plus perturbant et anxiogène récent. Bref, un film qui me laisse divisé sur ses qualités réelles et son propos moins maîtrisé, mais que je ne peux m’empêcher d’aimer pour son approche et sa manière de me laisser encore mille questions et réactions aussi contradictoires que passionnées.
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