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FIFIB JOUR 3 : L'AMOUR OUF AU LIBAN, LES REINES DU DRAME AU LYCEE ET MAD MAX VERSION BRAT

  • Tom Belarbi
  • 10 oct.
  • 5 min de lecture
De Cierta Manera de Sara Gomez

De Cierta Manera de Sara Gomez au programme du FIFIB 2025


Une journée commence au FIFIB, et après une deuxième journée plus calme, on passe vraiment aux choses sérieuses avec un programme plutôt consistant, dont les premières incursions en compétition officielle long-métrage.


Tout d’abord, petit tour vers une carte blanche à laquelle on n’avait pas vraiment pu assister jusque-là, réalisé cette année par Malaury Eloi Paisley et décrite ainsi : « Voler la terre c’est voler les corps ».


La cinéaste guadeloupéenne s’intéresse donc au colonialisme, thème plus que discuté ces deux dernières années, et qui inclus ici une pépite quasi introuvable en France : De Cierta Manera de Sara Gómez.

Mélange entre documentaire et fiction, la cinéaste mélange les genres, les styles et les tons pour raconter La Havanne au lendemain de la révolution, où un étrange manège s’installe entre Yolande et Mario, couple déchiré par des idéaux opposés : entre une idéologie progressiste et patriarcale.


Le film est sûrement très fort, retranscrivant quoiqu’il en soit à merveille son cadre social et politique, mais semble constamment jongler maladroitement entre la fiction et la réalité, des exercices de montage esthétiques et du naturalisme brut de pomme.


Très vite, le film perd son spectateur tout en sachant malgré tout exercer un certain pouvoir de fascination de part sa simplicité formelle, qui dans certaines scénettes permet d’avoir un aperçu engagé et authentique d’un quartier pauvre de Cuba, et ses habitants.

La fatigue n’a sûrement pas aidé à se plonger dans cette œuvre importante bien que méconnue, faisant penser, dans son dispositif, à Bushman ou au cinéma de Michael Roemer, gérant moins bien la frontière entre documentaire et fiction, bien que donnant à voir un casting détonnant et une proposition aussi singulière que radicale.


De Cierta Manera de Sara Gomez

Mario Balmaseda et Yolanda Cuéllar dans le film de Sara Gomez


On entre maintenant dans la cour des grands, avec une première incursion dans la compétition Longs-métrages du FIFIB, s’efforçant de proposer en avant-première, des œuvres jusqu’alors peu vues et sur le papier, discrètes, afin de créer des premières françaises, et surtout une véritable curiosité à leur égard.


VIENT ENSUITE UNE FRESQUE ROMANTIQUE ....


Quelque chose dont n’aura malgré tout pas eu à bénéficier A sad and beautiful world, aka Un monde fragile et merveilleux, de Cyril Aris, dont les quelques images promotionnelles promettaient une véritable claque. Et ça n’a pas loupé, cette fresque romanesque s’étendant sur plusieurs années et filmant l’évolution de deux êtres que tout oppose (optimisme contre réalisme, envie de rester et de partir,…) mais qui vont s’efforcer de s’aimer jusqu’au bout. Si la prémisse est clichée à souhait, et promet une montagne mélodramatique bien guimauve, l’exécution dépasse totalement le cadre simpliste qu’on peut craindre en premier lieu.


Ce premier film de fiction est une véritable claque de mise en scène, une explosion visuelle, de couleurs et d’émotions, qui rappelle à bien des égards l’ambition formelle de Gilles Lellouche avec L’Amour Ouf, dans un cadre néanmoins plus resserré, plus intime. Loin du simple « film de chef op », Un monde fragile et merveilleux est un voyage vivant, toujours à hauteur de personnage, développant dans son esthétique et sa mise en scène, un talent et une précision exemplaire, ne cherchant jamais le tape à l’œil facile, mais laissant les exercices de styles et autres plans séquences à des instants précis, importants, et dès lors, impactants.


Le tout avec une imagerie très ambitieuse, rappelant à certains moments le cinéma de Danny Boyle dans sa démesure et surtout des expérimentations (bien plus propres) autour du format analogique, que ce soit dans son image que son incroyable musique.

En plus du casting, tout bonnement divin, la dernière chose remarquable avec Un monde fragile et merveilleux, c’est à la fois son fond, autour du destin du Liban, les désillusions et espoirs y émanant, et son traitement. Même si le film vous fera cracher toutes vos larmes, il ne les tirera pas artificiellement, Cyril Aris ne choisit ni le pessimisme morne ni l’insouciance mièvre (et un peu moralisatrice), mais un mélange des deux, faisant rire aux larmes à un instant clé avant de tordre les cœurs au plan d’après (ou vice-versa).


Inattendu, puissant et inoubliable, ce miracle est une claque quasi totale qui promet une carrière exceptionnelle à son réalisateur et une place, on l’espère, très avantageuse au palmarès.


Sortie le 18 Février 2026.


A sad and beautiful world de Cyril Aris

A sad and beautiful world de Cyril Aris


LES IMMORTELLES LE NOUVEAUX LES BEAUX GOSSES


Passé ce très gros morceau, on reste en compétition long-métrage avec quelque chose de bien plus pop, doux et léger : Les Immortelles de Caroline Deruas Peano . Un petit bonbon musical avec un casting d’exception dont Léna Garrel, Louiza Aura (qu’on a adoré dans Les Reines du Drame), Emmanuelle Béart ou même Aymeric Lompret, sorte de croisement complètement improbable sans trop l’être entre le cinéma camp d’Alexis Langlois, Mandico et Yann Gonzales avec le teen movie décomplexé type Les Beaux Gosses, où on parle d’amour, de ce qui vient après (<=3), de passions déraisonnables, du bac et surtout du prof de sport, un peu bouffi mais terriblement beau gosse !


Tout va bien dans le meilleur des mondes, avec un humour ravageur porté par son sensationnel duo de comédiennes, une musique entraînante et une compréhension de la pensée adolescente qui, dans une infinie candeur, vient rendre un brin nostalgique le spectateur. Tout va bien… sauf que ce couple de cinémas a un enfant, on peut y voir Mickaël Hers ou Lukas Dhont, mais à partir de là, difficile de trop parler de ces Immortelles sans spoiler.


Alors on vous laissera découvrir ce qu’il en est, car même si la voix off envahit parfois trop l’émotion, qui mine de rien, ne réinvente pas son sujet, le développement formel et de fond est absolument ravageur, avec une inventivité technique et formelle qui fait un bien fou. Loin de rester à de l’intime, Caroline Deruas Peano incarne visuellement, dans du pur cinéma de genre, le tragique de son récit, avec un espoir constant qui fait gonfler les cœurs, sans oublier son ton décalé, souvent hilarant.


Les Immortelles de Caroline Deruas Peano

Les Immortelles de Caroline Deruas Peano


GORGONA LE FILM SABORDER PAR SES INTENTIONS


Fin de journée avec la découverte d’un film en « coup de cœur en avant-première », regroupant plusieurs œuvres déjà vues à Cannes comme Baise-en-ville ou Arco, ainsi que d’autres propositions plus inattendues comme ce Gorgonà, premier long-métrage grec, mêlant dystopie sèche à la Mad Max et récit féministe autour des dérives d’un masculinisme, toujours plus présent dans les débats contemporains.


Dire masculinisme est même assez gentil à l’égard du film d’Evi Kalogiropoulou qui tombe plutôt dans les pires travers de la misandrie, avec une tripotée d’hommes sans autre personnalité qu’une caricature macho au début un peu rigolo, mais qui finit simplement par saouler tant la cinéaste ne semble s’être donné aucune limite dans ses représentations de plus en plus ubuesques.


Si le contexte anticipatif peut être une excuse, l’exécution est juste particulièrement lamentable, donnant à voir ce que le « femal gaze » peut avoir de pire, soit un simple échange avec le problématique regard masculin, qui n’est, autrement que dans son exécution, ni bon ni mauvais.


Gorgonà est certainement bourré de bonnes intentions mais se saborde constamment, noyé par des stéréotypes éloignant du premier degré souhaité ce mélange de thriller et de tragédie grecque, où mythologie et discours sociaux ont déjà du mal à s’intégrer naturellement sans devoir être parasité par un développement malheureusement aux portes du ridicule.


Difficile de nier cependant la joliesse de la mise en scène, bien que souvent très cheap, mais retrouvant le savoir-faire des films de série B qui ont tant inspiré la cinéaste, avec un côté Claire Denis dans la manière de sculpter les corps et leurs interactions. Une plasticienne pas inintéressante, dans un exercice de style qui aurait pu être passionnant s’il n’était pas autant boursouflé par son propos maladroit et bourré de clichés rendant ce film moins moderne que déjà particulièrement daté.


Sortie le 25 mars 2026.


Gorgona d’Evi Kalogiropoulou

Gorgona d’Evi Kalogiropoulou

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