GREMLINS- Le Chaos ordonné
- Théo
- 23 déc. 2024
- 3 min de lecture

Un seul mot permet de décrire le cinéma que Joe Dante a livré dans l’entièreté de sa
carrière, de The Movie Orgy (1966) jusqu’à Burying the Ex (2014) en passant par
Small Soldiers (1998) et Piranhas (1978) : un cinéma de cinéphile. Cinéphile par une
accumulations de références diverses, toujours liées à des sous textes importants
permettant souvent un second visionnage plus riche que le premier. Quoi de
étonnant pour cet homme influencé par la culture du cartoon (ayant également
adapté cet univers avec Les Looney Tunes Passent à l’Action (2003)) et de la série Z
de reprendre les histoires sur les créatures farceuses de l’aviation pour en faire en
1984 Gremlins, en détournant cet aspect de dysfonctionnement et de chaos venant
de cette histoire folklorique dans un conte de Noël, devenant le film le plus populaire
de son auteur, renfermant bien plus qu’une simple histoire de monstre qu’il ne faut
pas nourrir après minuit
Synopsis :
Rand Peltzer offre à son fils Billy un étrange animal : un mogwai. Son ancien
propriétaire la bien mis en garde : il ne faut pas l'exposer à la lumière, lui éviter tout
contact avec l'eau et surtout, surtout ne jamais le nourrir après minuit. Tout tourne au
désastre lorsque la petite bête se reproduit.
Critique :
Un chaos, voilà ce que présente Joe Dante dans Gremlins (1984), un chaos total
causé par des créatures dont l’homme a cru bon d’essayer indéfiniment
d’apprivoiser, y voyant en eu un succès purement économique ou d’estime sans
jamais réfléchir sur la notion du juste derrière cette appropriation de la nature qui
s’avère être indomptable. Le réalisateur donne grâce au chaos et à la nuit
anarchique de Kingston Falls nous laissant comme constat que l’être humain doit
laisser la nature en paix, évoluer sans y toucher, puisqu’il est tout à fait incapable de
contrôler, ce désir provoquant la destruction de l’espace dans lequel l’Homme
évolue. Toutefois, via le destin funèbre de Mme Deagle, tyranne de cette ville via son
empire immobilier évoqué tout du long du film, les gremlins apparaissent alors en
tant que justice « divine », sa mort provoquant la fin de son empire appauvrissant
précédemment des familles ne pouvant se nourrir mais surtout la fin de ses projets
concernant le nucléaire. Révélé tel un caméo lors de la clôture du film, on nous
rapporte que son rachat de la centrale avoisinante a été abandonné par sa mort. Joe
Dante, par un détail quasi anodin permet une relecture complète de son long-
métrage questionnant le spectateur sur le machinisme de ces créatures à propos de
la domptabilité de la nature mais aussi en remettant en question cet anarchie
révélant que celui-ci à réellement un sens.
Gremlins se démarque des autres productions fantastiques hollywoodiennes de cette
sorte par un jeu de références constantes des premières minutes du film jusqu’à sa
fin, le film étant alors imprégné de la même culture que celle de son cinéaste c’est à
dire celle des cartoons américains des années 60 ainsi que celles des séries B ou Z
diffusées dans les cinémas le weekend. C’est d’ailleurs par l’écriture de nouvelles
fantastiques pour de petits magazines que le réalisateur commença son travail de
création. Ce sont les références relatives aux années 60 et ensuite au cinéma de
genre qui l’ont bercé qui ressortent ici, au moins dans le choix de cette reprise d’un
mythe déjà décliné dans quelques cartoons. Si Gremlins devient encore plus
remarquable dans un jeu de références qui, contrairement aux productions
hollywoodiennes actuelles étouffent le spectateur de références en tout genre,
perdant leur sens pour la plupart, nous pouvons prendre ce jeu comme celui
participant à une dimension autobiographique. Gizmo, devenant l’incarnation de son
créateur, celui-ci s’abreuve de ce qu’il voit à l’écran pour réutiliser ce qu’il considère
comme des leçons afin de servir le dénouement de certaines scènes.

La Time Machine de La Machine à explorer le temps (1895) d’H.G. Wells visible dans
l’arrière-plan avec un caméo de Spielberg au premier plan
Derrière une simple histoire d’une fête de Noel troublée par l’arrivée de créatures
provoquant un tumulte ne se refermant que par le départ de Gizmo, Gremlins (1984)
dépasse sa trame assez simple s’avérant être un film remettant en question l’impact
de l’Homme sur la nature mais qui est surtout un film réalisé par un véritable
cinéphile ayant réinjecté toutes les références de sa jeunesse dans un conte lui aussi
cartoonesque, n’hésitant à aucune seconde à basculer dans la comédie burlesque.
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