La Petite Dernière- Une déclaration d'amour au progrès
- Thibault Jeanroy

- 19 oct.
- 3 min de lecture

EST-IL POSSIBLE QUE .....
.....Nous ayons versé quelques larmes en cours de projection ? Oui, et ce n'est pas pour rien, loin de là...
La Petite Dernière, nouveau long-métrage de l'actrice-réalisatrice Hafsia Herzi (dernièrement sacrée meilleure actrice pour Borgo), récompensé de la Queer Palme au dernier Festival de Cannes, se concentre sur Fatima, la petite dernière d'une famille musulmane modeste, qui va peu à peu prendre conscience de son homosexualité et essayer de l'assumer malgré son ascendance religieuse et le regard des autres.

Un film qui se présente comme un flagrant message progressiste, autant pour la communauté Queer que pour la communauté musulmane.
Car il ne s'agit pas que d'un film LGBTQ, mais surtout d'un film sur le chemin d'une pratiquante de l'islam qui souhaite trouver son équilibre entre sa religion et ses désirs. En cela, tout est réussi : Fatima s'émancipe de son postulat initial pour aller trouver la réponse à ses questions, et les muses qui peuvent combler ses désirs.
LA VIE D’ADÈLE... A NOUVEAU ?
Il est pratiquement impossible de ne pas y voir de similitudes avec le film d'Abdellatif Kechiche. Les deux intrigues résonnent assez, seul le côté sulfureux de l'un fait la différence. Mais si le film porté par Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux se désignait à son époque comme l'une des références contemporaines majeures dans le registre des films Queer, celui-ci pourrait bien devenir la nouvelle référence, avec une leçon en plus !
Bien sûr, c'est la religion qui est ici une question très importante. Et si on pouvait penser que confronter religion et homosexualité pouvait être dangereux, qu'on se détourne de cette théorie : Hafsia Herzi apaise nos craintes. Le film évoque sans détour cette problématique, dans une scène
très émouvante qui encourage la raison et le progrès.
QUAND SEULE L’HÉROÏNE BRILLE...
Parmi les parties manquantes, on notera que la plupart des protagonistes secondaires ne sont guère développés, et pourtant ces personnes ont un impact direct sur le développement de Fatima. Mais elle seule peut réellement briller. Il aurait sans doute été tout aussi important de donner un segment plus large aux sœurs et aux parents de Fatima, par exemple.
Or, on ne s'attarde que sur ses relations d'un soir et sur certaines de ses rencontres qui vont impacter son existence. Et ensuite ? Que peut-on retenir d'elles ? Rien ou presque, et c'est bien dommage...
ET LE COMING OUT DANS TOUT ÇA ?
Bien qu'il soit essentiellement question d'une jeune femme qui doit apprendre à vivre et à assumer son homosexualité, jamais il n'est question de coming out. Or, c'est bien une des choses qu'on attendait de voir pour approfondir le sujet premier et la problématique sociétale : l'acceptation des autres. Malheureusement, Hafsia Herzi contourne cette étape clé et conclut sans donner de réponses sur l'avenir de Fatima.
Le coming out est sans doute l'étape déterminante dans la vie de toutes les personnes qui font partie de la communauté Queer, car c'est le regard des autres (parents, amis, famille) qui leur permet ensuite d'avancer dans leur vie, après s'être assuré que leur identité ne serait pas un problème pour celles et ceux qu'ils aiment. Or, Fatima redoute bien entendu cette réaction, mais elle n'est jamais confrontée à la situation, et c'est ce qui est le plus regrettable.
TOUT DE MÊME UN IMPORTANT COUP DE CŒUR
Malgré les problématiques tout juste énoncées, La Petite Dernière est un film magnifique, et une belle initiative, sachant que ces deux thèmes ne s'étaient jamais rencontrés.
Un film progressiste, un film Queer, un long-métrage qui pourrait s'accaparer certaines étiquettes. Mais le plus important est qu'il est doté d'une réelle identité et qu'il a pour vocation d'inspirer et de célébrer une communauté qui s'affranchit toujours plus...
Le film sort en salles ce 22 Octobre
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