Nous l'avions peut-être oublié, mais d'autres étaient là pour s'en rappeler.
Maria Schneider la star vite révélée et très vite tombée aux oubliettes, du Dernier Tango À Paris de Bernardo Bertolucci,est de retour au cinéma.
Et c'est la jeune révélation de My little Princess (sorti en 2011)et de l'Événement d'Audrey Diwan (sorti en 2021),Anamaria Vartolomei qui l'incarne dans ce biopic signé Jessica Palud, plus connue comme assistante réalisatrice chez Sofia Coppola, qui avait proposé le drame Revenir en 2019 .
Un film autobiographique adapté du livre
" Tu t'appelais Maria Schneider " de Vanessa Schneider la cousine journaliste de Maria
Vous aurez compris que le point de vue féminin plane sur cette histoire, et c'est une bonne chose!
ANAMARIA SCHNEIDER ET LA PLACE DES FEMMES DANS LE CINÉMA
Me Too avant l'heure ?
Tout tourne autour de la femme! Comment Maria va rentrer sur les plateaux en portant le simple nom de son père Daniel Gélin (Yvan Attal) ,comment elle va découvrir de ses yeux innocents à quel point un tournage de cinéma est dure(surtout quand on tourne un drame sulfureux pour Bertolucci),comment Maria va prendre conscience de la place qu'elle a dans ce monde où la femme est à nue et donc vulnérable.
Anamaria Vartolomei et Matt Dillon refont une scène du Dernier Tango À Paris
Toute la première partie s'accentue sur le côté médiatique du cinéma. La réputation bafoué du Dernier Tango A Paris alors qu'il n'étais même pas encore sorti, la révélation de Maria Schneider qui fait fureur aux côtés du monstre Marlon Brando (Matt Dillon fait une incarnation différente mais intéressante de la légende défunte),et les conséquences qu'on eu le film sur l'image de la jeune femme .
Pendant une bonne cinquante de minutes nous replongeons dans les coulisses de ce cultissime thriller érotique et c'est fascinant.
C'est toujours fascinant de voir du cinéma au cinéma. Mais Jessica Palud (qui co-scénarise le film) ne perd pas sa thématique de vue.
L'objectif est aussi de nous parler de Maria qui suite à ce tournage intense va imposer ses conditions aux metteurs en scène qui vont suivre, et préfèrent exploiter son physique plutôt que son talent .
"il y a une scène ou je fais cuire des pâtes à poil "
déplore Maria complètement anesthésiée par la drogue, on rit de cette réplique spontanément mais elle nous indique pourtant une réalité qui n'a rien de drôle.
Les femmes au cinéma sont sans arrêt sexualisées et de toutes les manières possibles, et sous tout prétexte.
Et Maria refuse de se vendre de la sorte .
Lors d'une scène on lui demande de retirer son haut pour faire un plan esthétique.
Ce n'est pas écrit dans le scénario elle refuse catégoriquement et prend le contrôle du plateau.
Mais elle refuse aussi de mentir en prétendant aux médias que le tournage du "Dernier Tango À Paris " s'est déroulé sans bévues alors que Bertolucci avais eu des idées pour la scène de viol du film
(qui lui a valu son scandale) dont il a fait part à Brando mais pas à Maria .
Son agent lui demande d'omettre la vérité parce que c'est son métier et que ce n'est pas ça qui intéresse les gens .
Cela en dit long sur le fonctionnement de l'industrie cinématographique déjà à l'époque bien avant le mouvement Me Too
Pour toutes ces scènes, Anamaria Vartolomei est parfaite, ses regards disent plus de choses que ses répliques, elle en pleine phase avec celle qu'elle incarne.
On pourrait affirmer que la présence du prénom Maria dans son prénom n'est pas qu'un hasard, elle était faite pour incarner cette actrice soucieuse de son image qui veut protéger son corps et ses intérêts .
ANAMARIA est Maria, voilà une révélation déjà précieuse .
DE L'ASCENSION A LA CHUTE,MAIS FINALEMENT ....
Maria face à Bernardo Bertolucci dans "Maria "
Comme tout biopic, il fallait bien nous raconter quel élément a fait sombrer sa vedette.
Maria Schneider a succombé aux tentations de la drogue, mais elle continue de faire son chemin dans le cinéma et de s'affirmer. Plus elle évolue plus la jeune fille devient une femme.
Une chute que va essayer d'empêcher une jeune étudiante nommée Noor qui fait justement un mémoire sur la position des femmes dans le cinéma, tiens donc?
Un nouveau personnage féminin(jeune de 20 ans avec qui elle aura une histoire) qui affiche les mêmes intérêts que celle que nous suivons depuis le début. C'est une belle façon d'entamer la conclusion.
Une dernière partie où Maria est désormais une femme et une star mais pas accomplie.
Nous la suivons dans sa déchéance, dans ses débordements, dans ses pires états-d 'âmes, en bref c'est tout le côté sombre du cinéma qui nous ai montré .Le schéma classique de la jeune star qui a tout gagné très vite, mais qui a sombré tout aussi vite .
Et c'est amusant de voir que Jessica Palud conclut sur une note positive avec un regard face caméra de Maria qui s'est relevée malgré ses années d'excès.
Il est rare qu'un biopic ne se termine pas sur le décès de son héroïne(où de son héros),mais il faut rappeler que Maria Schneider a eu une très belle carrière jusqu'en 2009 et qu'elle décédé en 2013 d'un cancer. Elle a tout de même tourné avec de grandes pointures du cinéma internationale comme Gérard Depardieu et Jack Nicholson .
MARIA, BIOPIC FEMINISTE A SON TOUR
MARIA portrait d'une actrice, mais surtout d'une femme forte qui s'est battue pour son image, et son intégrité dans le cinéma en défendant la place des femmes dans le cinéma tout en se forgeant une carrière digne de son talent.
Seul défaut le segment familial est manquant, mais sûrement que ce n'était pas le plus important.
Un biopic qui rempli son cahier des charges mais déploie ses convictions en faisant une adaptation libre mais sincère avec un regard féminin et féministe.
Parce que oui Jessica Palud réalise un film féministe qui s'inscrit à son tour dans l'actualité avec une révélation qui se confond avec la femme qui aurait encore toute sa légitimité aujourd'hui .
Fascinant et important .
Anamaria Vartolomei au UGC Ciné Les Halles
Le Mardi 18 Juin pour la première du film
Voir la bande annonce
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