Halle Berry en premier rôle dans Mother Land
LA RÉVALATION D'UN GRAND METTEUR EN SCÈNE DE L'HORREUR
(Semi rétrospective)
Vous vous souvenez d'Alexandre Aja ? Impossible que ce nom ou au moins un de ses films ne vous évoque rien !
Il a un curriculum vitae très intéressant dans le cinéma de genre. Haute Tension en 2003 pour commencer. Coécrit avec son ami et collaborateur récurrent Grégory Levasseur, remarquable thriller nocturne assez violent et bourré de suspense du début à la fin. Cécile de France et Maïwenn en tête d'affiche. L'accueil réservé à ce film lui ouvre les portes d'Hollywood et on lui confie la réalisation du remake d'un célèbre film de Wes Craven, La Colline A Des Yeux qui sortira en 2006. Nouvelle grande démonstration de mise en scène .
On peut s'arrêter là pour la rétrospective, même si la suite est tout aussi digne d'intérêt (voyez Mirrors avec Kiefer Sutherland sorti en 2008, c'est terrifiant).
Aja est donc sur un retour discret, son dernier film, Oxygène, était pour Netflix. Huit clos pas oubliable mais presque, on soupçonne que sa présence sur la plateforme de streaming en est fait un film peu visible, et donc peu vu, et donc oublié ou ignoré. C'est dommage, puisqu'en 2019, un certain Crawl paraissait cet été là.
Un huit clos dans lequel Kaya Scodelario est pris au piège par un redoutable alligator dans sa maison de famille en plein ouragan, avec son père joué par Barry Pepper.
Maîtrisé et captivant du début à la fin, autant de tension et d'incertitude que dans un Haute Tension, et presque aussi violent qu'un Piranha 3D, où La Colline à des Yeux. Bref, parmi ces meilleurs travaux.
De Haute Tension à Crawl
LE RETOUR… AU CINÉMA
Et depuis 2019, le réalisateur est plutôt rangé, bien qu'un projet d'adaptation de Cobra ait été fait parler, rien de très concret jusqu'à maintenant.
C'est alors qu'arrive Mother Land (au cinéma cette fois) ! La production n'a que très peu fait parler, mais en très bons amateurs de d'Alexandre Aja que nous sommes, la curiosité n'a guère tardé à arriver.
Porté par Halle Berry, le film se déroule après la fin du monde, alors qu'une mère et ses deux enfants veillent à préserver leur lien sacré, lié à une cabane qui les garde en sécurité d'une présence maléfique.
Un pitch prometteur, non ? Qu'en est-il du film ?
UN FILM ABSTRAIT FINALEMENT…
Pour notre plus grand désespoir, tout le potentiel qui émergeait du papier où des premières images retombe très rapidement! Si on se laisse avoir par quelques images vaguement effrayantes dans les premières vingt minutes, la suite nous fait souffler.
Plus on espère voir le scénario monter d'un cran, plus on le voit régresser vers une idée très abstraite qu'Aja ne concrétise jamais. On comprend alors à quel point le scénario de Kevin Coughlin et Ryan Grassby est bancal (pas étonnant, c'est le premier qu'ils écrivent), et que finalement il n'emmènera pas le film plus loin, si jamais ce dernier avait atteint son point culminant.
La deuxième partie se révèle finalement la plus audacieuse et intéressante (non pas que le film s'en révèle mieux portant, soyons clairs), quelques idées apparaissent aussi bien à l'image qu'à l'écriture mais qu'on ne se réjouisse pas trop vite, ça n'ira guère plus loin qu'une suite d'idées. Et finalement, quand arrive le dénouement, on pense immédiatement que nos auteurs n'ont pas trouvé d'autres issues que de copier honteusement un certain film de Shyamalan, et c'est d'autant plus navrant. Mais si on peut au moins trouver du positif à tout ça, les deux jeunes enfants jouent très bien, et Halle Berry aussi.
Halle Berry, Percy Daggs IV, et Anthony B Jenkins
C'était mieux avant n'est-ce pas ?
Mother Land faisait bonne figure, et il aurait largement pu outrepasser nos éventuelles attentes, voire même s'émanciper de ses prémices pour devenir quelque chose de plus fort et pertinent sur l'apocalypse où le lien qui unit la belle famille ici formé. Hélas, Alexandre Aja s'en tient à ces nombreux mystères qu'il se contente de sublimer à chaque fois que ça en vaut la peine.
Oui, le film possède une belle imagerie, mais c'est largement insuffisant ! Surtout dans le cas d'Aja qu'on sait plus que capable de nous proposer du cinéma bien plus abouti .
Ceux qui estiment que Piranha 3D est son pire long-métrage, on vous assure que c'est bien plus divertissant et élaboré que ne l'est Mother Land, finalement même Oxygène nous tenait mieux en haleine . Cela ne nous empêche pas de penser que tout bon metteur en scène peut commettre des fautes de parcours, et c'est ce qui se produit ici. Mais il n'est pas impossible qu'il trouve son public.
A l'image de ses trois protagonistes qui reviennent toujours sur leurs pas, le film stagne encore et toujours, bloqué par une corde perdue dans les abysses.
Le film est disponible en salles depuis ce Mercredi
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