top of page
Thibault Jeanroy

PAUVRES CRÉATURES,L'ODYSSÉE D'UNE HÉROÏNE VERS SON VÉRITABLE DESTIN: CRITIQUE/ANALYSE

Emma Stone est Bella Baxter une femme avec un esprit d'enfant dans "Pauvres Créatures "


Alors que Kinds Of Kindness sort ce mercredi au cinéma, remettons quelques mots sur le précédent film de Yorgos Lanthimos ,Pauvres Créatures ou (Poor Things dans sa version originale) sorti en tout début d'année qui n'a laissé personne (où presque) indifférent .


Ce film avec Emma Stone (récompensé par un deuxième Oscar de la meilleure actrice), Willem Dafoe, et Mark Ruffalo, qui a été couronné de succès auprès du public et de la presse est une de ces expériences cinématographique comme en vois rarement de nos jours.

Même pour un film de Lanthimos d'ailleurs (pourtant auteur d'œuvres très singulières comme Mise à Mort du Cerf Sacré sorti en 2017 où The Lobster en 2015 ) .


Colin Farell à droite dans "The Lobster " sorti en 2015


DE QUOI S'AGIT T'IL ?


Que dire ? Par ou commencer ? Les premières minutes du film nous offrent cinématographiquement des plans aussi hypnotisant que propres au cinéma de Yorgos Lanthimos .

La photographie en noir et blanc nous rappelle les anciens films Frankenstein, cela tombe bien Pauvres Créatures en est une relecture esthétique à l'état brut.

On note que nous retrouvons certaines thématiques déjà travaillés par l'auteur, notamment les relations hommes femmes toxiques, où l'esprit humain en décalage ou détraqué .

Nous faisons donc connaissance avec l'héroïne, Bella Baxter .Une femme doté d'une belle apparence, mais aussi d'un esprit très retardé, ce qui cause chez elle un comportement embarrassant même obscène pour autrui.

Bella est sous "la bonne garde" du Docteur Godwin (Willem Dafoe) un brillant scientifique en vérité responsable des agissements étranges de cette dernière .


QUAND UN MONDE MALADE FORGE UN ESPRIT DIFFERENT


On peut s'arrêter là pour les prémices d'une histoire très chargée et complète qui demande beaucoup de relecture pour mieux saisir toutes les métaphores qui se cachent entre les lignes, parce que Bella est une des héroïnes les plus drôles et fascinantes que nous ayons rencontré ces dernières années.

Lanthimos à choisi de faire l'anatomie d'une inadaptée mentale à travers un périple expérimental autant pour nous que pour elle .


Sa découverte du monde et de tout ce qui le compose, les plaisirs charnels, les escapades d'un bout à l'autre du monde, la misère, la situation politique. Nous verrons cette protagoniste hors du commun évoluée, devenir une véritable femme, être témoin des idées qui naissent en elle, et de la perception qu'elle a sur les misères du monde et la façon dont elle souhaite y remédier.

Le voyage de Bella provoque en elle une intelligence qui peut dépasser celle d'un homme pourtant établi en société à savoir son amant Duncan (Mark Ruffalo) qui reflète l'archétype du personnage masculin uniquement présent pour assouvir ses besoins de primates sans pour autant rechercher un autre engagement.


Mark Ruffalo joue Duncan Wedderburn l'amant toxique de Bella dans "Pauvres Créatures "


Ses intensions envers Bella ne sont que impures et peu sincères au contraire de Max McCandeless (Ramy Youssef )l'employé de son créateur Godwin, tombé sous le charme de Bella qui souhaite avant tout la prendre pour femme .


QUAND LA FEMME S'AFFRANCHIT DE L'HOMME


Au moment ou le film atteint un cap décisif, les hommes sont complètement déstabilisés par ce que devient Bella, en vu de son indépendance soudaine et de sa conscience pour ce qui l'entoure malgré son altitude inapproprié en société.


Pour revenir au personnage de Duncan, la descente aux enfers dont il est victime suite à une action volontaire et généreuse de Bella fait de Pauvres Créatures un film féministe qui réduit les hommes à un statut misérable, quand celui de la femme devient élevée .

En effet Bella s'approprie sa vie, et fais ses propres choix en ayant conscience des conséquences, et de ce que ça renvoie de l'image de la femme. Quoique finalement rien de si honteux, tout dépend des points des vues .


Mais cela fait partie de l'autonomie d'une héroïne qui délaisse l'homme qui la dirigeait comme bon lui semblait pour son simple plaisir; seulement Bella a fini par joindre ses besoins à l'utile et finit donc par gagner sa vie ainsi, lui permettant d'une certaine façon de s'élever, laissant derrière elle un Duncan démuni ,malheureux voir même repoussant . Récit d'une femme qui reprend le pouvoir, et d'un homme qui le perd .


Pauvres Créatures est un titre métaphorique sur la condition de ses protagonistes, ou sur le sort qui leur est réservé, et ne désigne plus (complètement) Bella qui à la fin s'est détachée de cette étiquette .

Certes les premières minutes nous observions une femme dépendante d'un autre, incapable de communiquer convenablement, incapable de se comporter comme une personne civilisé; mais la troisième partie du film nous laisse découvrir une nouvelle femme qui a inversé les rôles .


Emma Stone seule maitre de son existence dans "Pauvres Créatures"


ET FINALEMENT LES MALES DEVIENNENT LES CREATURES


Pauvres créatures est une expérience cinématographique intense et chargée qui ne laisse pas indifférent. Ses plans au angles larges et difformes, son noir et blanc comme autrefois, ses couleurs tapantes, ses décors pompeux ou volontairement tape à l'œil.


Pauvres Créatures ,pauvres hommes(où pas d'ailleurs) si l'on prend en compte le traitement qui leur est réservé dans ce scénario précis, et le sort qu'ils subissent les uns après les autres.

Les hommes sont au choix des créateurs tordus, ou des manipulateurs qui ne veulent point s'embêter d'un engagement sérieux et choisissent Bella comme proie sexuelle, en résumé ils sont tous réduits à leur pulsions où s'en remettent à leurs pensées secrètes enfouis au fond d'eux pour paraître raisonnable et protecteurs. La seule exception est Max .Un saint, le seul d'ailleurs.


Que ajouter? Pauvres Créatures peut aussi se traduire par pauvres âmes, ou la quand la créature d'origine devient femme et que ses prédateurs initialement humains deviennent des créatures désemparées ;moins que des hommes donc .Des moins que rien .

Le plan final ne pourrait pas mieux le démontrer la femme ou plutôt les femmes exercent un pouvoir irréversible sur les hommes qu'ils ont condamnés à leur véritable état, des Pauvres Créatures .


Yorgos Lanthimos s'intéresse véritablement à l'esprit et aux idées de la femme et par le biais de voyage initiatique nous livre un grand film de cinéma, vraiment passionnant et qui ne ressemble à aucun autre .Et qui plus est certains passages sont hilarants de spontanéités.


Le plus étrange des films féministes, mais aussi un des plus remarquables.


Voir la bande-annonce



Comments


Post: Blog2_Post
bottom of page