Substitution des Frères Philippou- Critique d'un film plus triste que terrifiant

Sally Hawkins exceptionnelle en mère d'accueil qui cache un lourd secret

Après Talk To Me, un autre essai plus intense

Après le succès critique et public de La Main, premier long-métrage qui avait surpris par sa maîtrise formelle et sa tension immersive, les frères Philippou reviennent avec Substitution, un film qui confirme leur statut de jeunes auteurs à suivre de près.

Mais là où leur précédente œuvre se déployait dans un cadre de pur cinéma de genre, avec ses effets chocs et son crescendo horrifique, Substitution choisit un chemin plus introspectif, privilégiant le drame psychologique à la peur viscérale.

Le récit s’articule autour d’une situation en apparence simple, presque banale, que les réalisateurs déconstruisent patiemment pour en révéler la complexité émotionnelle. Plutôt que de multiplier les jump scares ou l’hémoglobine, les Philippou installent un climat de trouble diffus, jouant sur l’ambiguïté des comportements et la fragilité des liens humains.

Une mise en scène juste pour un film intérieur

La mise en scène, toujours aussi précise, se met au service des silences, des regards, des non-dits, et c’est là que le film trouve sa véritable force : dans sa capacité à faire ressentir le malaise sans le surligner.

Ce choix, qui pourra dérouter les amateurs d’horreur frontale, s’avère payant sur le long terme. Substitution explore les zones grises de l’identité et de la mémoire, en s’appuyant sur une photographie feutrée et une direction d’acteurs remarquablement sobre. On y retrouve le goût des Philippou pour l’expérimentation formelle – cadrages resserrés, ruptures de rythme – mais toujours au service du propos, sans gratuité.

En délaissant les codes attendus pour un traitement plus émotionnel, les frères Philippou démontrent qu’ils ne sont pas prisonniers du succès de La Main, et qu’ils entendent bien creuser un sillon personnel, où le fantastique et le psychologique s’entrelacent. Substitution n’est pas là pour faire sursauter : il est là pour hanter, longtemps après le générique de fin. Et on notera un plan final particulièrement magnifique et hautement symbolique .

Le film est actuellement disponible en salles

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