Mia Goth star de la trilogie "Maxime Mix " de "X" à "Maxxine"
Voilà donc que s'achève les aventures de Maxine Minx (Mia Goth) héroïne du premier volet X initié par Ti West, qui reprend son personnage quelques années après les événements de ce dernier (rappelez vous que Pearl était un préquel). Maxine la grande rescapée du massacre de 1979 est désormais une star des films pour adultes, mais son ambition est tout autre ; de plus un tueur en série lié à son passé rôde à Los Angeles.
Mais avant de s'attaquer à ce troisième volet fait de sang et de paillettes, flash-back sur le diptyque qui a ravivé la flamme d'un genre de cinéma laissé à l'abandon. Le slasher.
X, HOMMAGE À L'HORREUR VINTAGE
Dès les premières secondes, grand panorama sur une ferme et l'arrière-pays texan, une voiture de police débarque pour se garer devant la maison qui paraît abandonnée.
Un policier arrive prudemment sur les lieux et constate des éléments inquiétants qui indiquent que des événements horribles se sont produits peu avant. Le sol est gorgé de sang séché, des cadavres jonchent l'entrée. Ti West pose d'emblée une ambiance qui laisse le spectateur imaginer ce qui s'ensuivra.
Cette mise en abîme rappelle trop bien le décor et l'ouverture d'un bon nombre de films d'horreur sortis la même époque que l'année pendant laquelle se déroule ce film. On pense tout de suite au style de Tobe Hopper sur le premier Massacre à la Tronçonneuse (se déroulant dans le Texas d'ailleurs) avec cette atmosphère chaude et poisseuse qui sert de territoire provisoire à un groupe de jeunes, qui n'ont aucune idée des horreurs survenues dans les environs.
On pense aussi à Psychose de Alfred Hitchcock avec la grande bâtisse de la famille Bates qui surplombe le paysage au milieu de nulle part (d'ailleurs visible dans le trailer de Maxxine).
La vision de West est claire dès le début et s'affine tout du long, il veut reprendre la base du slasher et lui donner un nouveau souffle.
Théoriquement, c'est un genre auquel le duo Tyler Gillett et Matt Bettineli-Olpin avait déjà retouché en relançant la saga Scream un peu plus tôt la même année. Scream bien entendu, une référence inévitable. Amusant quand on constate que Jenna Ortega est à l'affiche des deux films .
Cependant, là où Gillett et Olpin reprenaient une saga mise en pause suite au décès de son géniteur,
Ti West lance une histoire inédite à partir d'influences notoires pour lesquelles il a un amour qu'il ne désavoue pas . Il se donne même à cœur joie de revisiter les mythes qui on sans nul doute construit son envie de faire ce style de cinéma.
Il en profite pour parler de l'industrie du cinéma pornographique, un milieu très influent de cette époque-là, qui revient dans Maxxine. Par le biais de ce contexte-là, il introduit Pearl la terrifiante vieille femme (dont la jeunesse sera racontée dans le préquel), qui vit dans la ferme, et sera témoin des agissements torrides du groupe de jeunes venus tourner un film X. West joue sur un regard pervers et voyeur. Le point de vue d'une femme âgée sexuellement frustrée dans une génération où la pornographie est une tendance cinématographique en constante évolution.
"Je suis p*** de sex symbol "
lance Mia Goth en se regardant dans la glace
L'intention de Ti West ici, n'est donc pas uniquement de refaire du slasher sans rien apporter, mais plutôt de raviver un cinéma qui n'est plus à la tendance d'aujourd'hui en traitant de thèmes jamais explorés auparavant à cause de la censure qui s'appliquait constamment sur eux.
Rappelons que les films d'horreur des années 70,80 ne montraient qu'une nudité très réduite.
Ils leur étaient interdits d'en montrer plus, les metteurs en scène jouaient donc sur la subtilité pour illustrer les hormones en ébullition de la jeunesse.
X n'est pas un slasher gratuitement violent, mais un slasher innovant de part son mélange d'influences, ainsi que part son érotisme de premier plan.
Il est aussi plaisant de voir la pellicule et le format utilisé, il y a définitivement un arrière goût de nostalgie dans ce premier long-métrage.
PEARL, ORIGIN STORY D'UNE FEMME FRUSTREE
Moins dans le sanguinolent, plus dans la psychologie, ce qui intéresse Ti West quand il décide de raconter la jeunesse de cette femme, ce n'est pas de montrer son côté ravagé, mais de nous expliquer pourquoi elle est devenue comme ça.
Mia Goth interprète aussi Pearl
X, nous faisait deviner qu'elle avait eu une vie décevante, et c'est bien ce que nous montre Pearl .
Une matriarche diabolique, un père malade, des corvées qui n'en finissent plus ; oui effectivement tout ça est assez éloigné des paillettes de Los Angeles qu'illustre bien Maxxine.
Le plus intéressant dans cette trilogie est de voir Mia Goth interprété les deux femmes .
La femme qu'est Maxine Minx dans Maxxine est celle que Pearl fantasmait d'être. Ti West confronte les deux générations, et les deux destins dans sa trilogie et propose ainsi sa version du "rêve américain". Mais pas que! Il nous parle aussi de la condition de la femme à cette époque clé .
Pearl, rêve de cinéma, d'amour, et d'évasion , et c'est justement tout ce que la vie ne peut lui offrir .
Nous pourrions comparer cette anti héroïne à un autre psychopathe légendaire du cinéma horrifique
(même si Pearl serait plus dans le drame psychologique), Michael Myers le tueur masqué et taiseux de la franchise Halloween. Comme le montre le remake de Rob Zombie sorti en 2007, Myers sombre dans la folie parce qu'il grandit dans des conditions qui ne l'encourageaient en rien à devenir quelqu'un de sain .
Enfin de compte Ti West et Rob Zombie avaient les mêmes objectifs en réalisant leur film respectifs.
Si le personnage interprété par Mia Goth n'a pas besoin de masque, ni de se retirer dans un silence éternel pour assassiner ceux qui croisent sa route, sa trajectoire à quelques similitudes avec celle du tueur créer par John Carpenter et Debra Hill .
Si X était jouissif, inspiré et encourageait le "rêve américain", Pearl est plus pudique et sérieux en préservant sa violence pour les moments uniquement nécessaires. La priorité est ailleurs . C'est un film axé sur les désillusions sur le rêve impossible .
ET MAXXINE DONC ?
Giancarlos Esposito et Mia Goth dans "Maxxine"
TI WEST ET L'HORREUR PURE
Il aime le cinéma d'horreur Ti West, mais il aime aussi la décennie 1980, et pour lui Los Angeles est un immense terrain de jeu à l'intérieur duquel il va s'amuser .
Le film s'ouvre en plein cœur des studios, une porte coulisse et laisse entrer Maxine qui entre en scène telle une star. On comprend tout de suite à quel point le personnage a évolué depuis sa première apparition dans la trilogie.
Elle est devenue blonde, son pas est assuré, et elle domine la situation. Rien ne l'arrêtera.
Sa façon d'agir est similaire à la star qu'interprétait Margot Robbie dans l'exaltant et complètement hollywoodien Babylon de Damien Chazelle, Nelly LaRoy. Est-ce bien surprenant ? Les deux films parlent de la même industrie (à des époques différentes, bien sûr), mais les ambitions de leurs protagonistes respectifs sont les mêmes. Devenir des stars, se faire un nom dans un système où
"il faut être prêt à tout".
Maxxine parle d'une décennie ou Hollywood fait peur, ou la pop culture et le satanisme sont en pleine effervescence, le cinéma d'horreur est lui à son apogée et c'est dans ce registre que Maxine va débuter.
"Les années 80 est une époque parfaite pour conclure cette trilogie, on est à Los Angeles et nous avions besoin d'un décor grandiose pour répondre à deux films qui se situaient dans un environnement plus intimiste. Car c'est la décennie et la ville de tous les excès et de tous les bouleversements dans la pop culture"
Ti West à propos de son film, au moment de l'avant-première au Max Linder
On a bien saisi que depuis ses propres débuts dans la profession, West aime et veut rendre hommage au genre qui a forgé sa filmographie jusqu'à maintenant. Avec ses films les plus notables en dehors de la trilogie "Maxine Minx" comme The House Of The Devil et Cabin Fever 2, il confesse son affection pour les maîtres de l'horreur. X loin d'être le premier, ce n'était qu'un prolongement de ses éloges pour le genre, en traitant d'une partie inexplorée de cette industrie. Maxxxine est à la fois une réponse et une conclusion aux deux opus précédents et un hommage jouissif à l'horreur la plus mythique.
Chose a constaté d'entrée de jeu, et même sur toute la longévité du scénario, c'est bien différent de X et Pearl. À commencer par son changement de décor. Fini le pays texan et grande immersion dans la ville de tous les excès. Plus de vrai cinéma, mais aussi plus de frayeur. Le sang coulait pas mal précédemment, mais l'intention ici était de faire intervenir la violence comme dans un pur film d'horreur, le côté slasher se ressent moins (bien que le grand couteau aiguisé sois de la partie), mais la terreur se ressent plus.
Mais comme l'a déclaré Ti West lui-même
"le cinéma d'horreur est un genre très sous-estimé, et avec Maxxine je voulais vraiment travailler sur le côté effrayant pour que les gens réagissent comme à la grande époque du cinéma d'épouvante"
Mais après tout quand on est metteur en scène et qu'on met en avant le Hollywood des années 80, pourquoi se priver de certains plaisirs ? Et pour conséquent si ça ne passait pas vraiment inaperçue, le long-métrage est parsemé de références à Psychose. Enfin disons les choses, ici, c'est plutôt une déclaration d'amour. Et c'est plaisant à voir pour tout cinéphile, d'autant que c'est un moyen pour Ti West de faire cauchemarder son héroïne avec des visions de son passé.
L''ombre d'Hitchcock plane sur tout le film vous aviez remarquer ?
LE CINEMA, LA VIOLENCE, LES FEMMES ET LA RELIGION
Bien entendu, le réalisateur ne s'est pas arrêté là, et beaucoup d'autres références à des monuments de l'horreur sont distillées un peu partout.
N'allez pas croire que Maxxine fonctionne uniquement pour son lot de références.
L'histoire est solide, le personnage féminin principal est maintenant bien construit, la photographie et les décors sont intéressants, c'est hallucinant de voir le travail qui était fait pour rendre Los Angeles sombre et sordide à l'image de ce qui animait la populaire à cette époque.
Cependant Ti West s'amuse avec son décor, il l'exploite jusqu'à situer son climax à l'endroit même où se trouve le façon panneau .
Maxxine parle de la notion de star, de la transition du cinéma pornographique au cinéma traditionnel.
C'est un angle pertinent pour aborder un système en pleine révolution .
A travers sa trilogie et ce grand final Ti West a su parler et rendre hommage à une ère clé de l'industrie cinématographique, qu'il aime et que nous aimons aussi ; le tout en évoquant la place de la femme dans un système majoritairement compliqué où la dévotion est la clé de toute réussite.
Après réflexion, Maxxine pouvait se passer de son côté sanglant pour se concentrer sur l'essentiel de son sujet, d'autant que certaines révélations font doucement sourire tant elles sont maladroitement amenées dans un contexte sectaire dont on ne saisit pas exactement le sens.
Oui Maxxine s'égare sur quelques points, mais rebondit lors de son finale pour venir répondre à toute son histoire et la compléter. Maxine Minx fut une héroïne fascinante, autant sur un point féminin que dans son statut de "sexe symbole en devenir ".
"je suis une p**** de star de ciné "
affirme t-elle au cours du film. On pouvais difficilement mieux conclure .
Un troisième et dernier film qui a une bonne matière, et un décor réjouissant qui laisse notre héroïne s'affranchir et évoluer dans ce monde finalement introduit depuis le début.
Tout est assez bien ficelé hormis les éléments énoncés plus haut qui sortent pratiquement de nulle part, même si cela ne vient pas entacher toute l'intrigue et sa finalité qui complètent parfaitement bien la trame initiée en 2022. Ti West inscrit avec brio sa trilogie au panthéon des meilleures propositions horrifiques de la décennie. Encore une belle réussite signée A24!
A découvrir en salles ce 31 Juillet
Voir la bande annonce
留言