JOKER FOLIE À DEUX - LE PHÉNOMÈNE S'ARRÊTE LÀ !

Joaquin Phoenix et Lady Gaga dans Joker Folie à Deux

UNE SUITE… VRAIMENT ?POURQUOI FAIRE ?

Comment serait-il possible de faire aussi bien, voir mieux que le premier?

C'est une question qui suivait celle de "Une suite était-elle vraiment indispensable ?"

Le souci majeur était de passer après un film aussi réussi et indépendant que le premier Joker.

Rien que l'idée faisait peur !

L'idée initiale était de raconter la descente aux enfers d'un homme déjà au bas de l'échelle, vers la personnalité décalée et meurtrière du Joker. Une seule condition, éviter tout lien ou inclusion de l'ennemi juré de ce dernier, Batman. Malheureusement, Todd Philips n'avait pas totalement réussi à éviter cela.

Deux scènes présentant un jeune Bruce Wayne suffisaient à embrouiller l'esprit du spectateur. Joaquin Phoenix affronterait il Batman dans un futur crossover ? Pourquoi pas celui de Robert Pattinson ? Après tout, son Batman triomphait au cinéma trois ans après, et l'esprit des deux films n'étaient pas incompatibles.

Mais non ! Philips a pourtant mis les choses au clair, pas d'affrontement à prévoir. Et tant mieux!

Joaquin Phoenix ne fait plus qu'un avec le Joker

OÙ EN ÉTIONS-NOUS RESTÉS ?

Mais revenons en au sujet principal, à la fin du premier opus, Arthur Fleck assassinait publiquement Murray Franklin (Robert De Niro), le présentateur du talk-show où il était convié, déclenchant l'anarchie complète dans les rues de Gotham City. Dans les derniers instants du long-métrage, il devenait l'emblème de cette révolution, causant au passage le meurtre des parents de Bruce Wayne un peu plus loin. Fleck était emprisonné à l'asile d'Arkham juste après.

Nous en étions donc restés à un film DC d'auteur au caractère sombre, avec un protagoniste torturé au possible. Todd Philips avait largement puisé dans la filmographie de Scorsese pour raconter cette histoire. Taxi Driver et La Valse des Pantins en tête. Gotham City nous était alors décrit comme une ville au bord du précipice. Et finalement Arthur se métamorphosait en un redoutable symbole d'espoir pour un peuple en crise.

ALORS QU'EN EST-IL ?

Pas de surprise de notre côté ! La réussite du premier volet n'est pas renouvelée, et on se désole vraiment que Warner Bros et Todd Philips se soient lancés dans cette suite qui n'apporte absolument rien de plus à l'histoire d'Arthur Fleck, pire encore elle la fait régresser !

Toute l'intrigue constamment bloquée entre quatre murs (soit l'asile, soit le tribunal) fait du surplace et remet tout ce qui a été précédemment dit en question.

Entre surplace et disgression…

Comme si l'aboutissement du premier film n'avait servi à rien, la façon dont cette suite est constituée ne cesse de nous faire douter sur la compréhension du personnage par les propres scénaristes du film.

Pourtant l'équipe est la même, Todd Philips et Scott Silver reprennent leurs postes, malgré tout ce n'est pas ce qui transparaît à l'écran.

Alors que nous aurions dû voir Gotham City dans un précipice sans nom, nous restons bloqués avec Arthur et ceux qui le maltraitent, ainsi qu'avec Harley Quinn ici nommé Lee.

Rien de tout ça n'a vraiment d'intérêt, Joker Folie à Deux est un pénible huis clos aussi sombre que le premier volet. Plus fou, plus beau encore (ça oui, la photographie est sublime), mais bien moins pertinent. Si la société était un personnage à part entière de l'original, ici la ville est reléguée à un plan complètement tertiaire, si ce n'est quasi invisible. Pourtant c'est elle qui faisait plonger notre anti-héros dans la folie, et c'est lui qui en devenait le symbole.

Lady Gaga et Joaquin Phoenix mènent la danse

Retour au point de départ et conclusion navrante

Plus question de symbole, où de liberté, la direction empruntée est tout autre. Nous avons plutôt le droit à une relation jamais vraiment établie entre deux âmes incomprises, ainsi qu'à de magnifiques shows où ils s'en donnent à cœur joie, mais tout cela ne prend place que dans l'esprit d'un personnage abîmé et prend inutilement de la place. Si l'intention était de différer du premier volet, c'est réussi, mais sa différence cause également son éloignement narratif, disons clairement, ça relève du hors sujet !

Si encore l'issue était convaincante, non plus !Du début à la fin, rien n'aura été accompli, d'ailleurs on revient même au point de départ, et finalement tout finit par s'écrouler et par mollement s'achever.

C'est d'autant plus décevant que certaines pistes laissaient entrevoir des possibilités d'aller plus loin, de s'échapper de ces quatre murs pour aller prendre l'air. Il n'en sera rien, et nous sommes laissés à un point encore plus bas qu'au début, tandis que des brides de l'intrigue resteront à jamais laissées en suspens.

L'échec d'un film dérivant

Quand on pense que Joker se terminait si parfaitement, et quand on constate où on laisse Arthur Fleck, on ne peut qu'être frustré de savoir que désormais l'histoire se poursuit.

Bien que Joaquin Phoenix et Lady Gaga offrent de belles performances et que leur duo fonctionne sur deux ,trois scènes, ça ne sauve pas ce Folie à Deux de l'échec.

Oui, on peut parler d'échec, de suite impertinente, qui repasse durant 2h19 sur l'hypothèse de la double personnalité pour un personnage beaucoup moins complexe qu'il n'y paraît.

Si l'on se concentrait essentiellement sur la dégringolade d'un citoyen à cause d'une succession d'événements et de révélations malheureuses 5 ans plus tôt, ce n'est plus du tout la même base.

Pour finir, nous dirons que Joker Folie à deux avait l'étoffe pour réussir, mais rebondit toujours sur ses bases pour ne rien dire de plus, et reste continuellement bloqué à sa place de départ.

Sa différence ne lui permet pas de briller, simplement de dériver vers une histoire qui n'a ni queue ni tête et étouffe les mystères restés en suspens depuis le premier volet, sur lequel on restera définitivement! 19 min de trop et 23 kg de moins pour Phoenix, tout le monde est décidément perdant dans cette histoire .

Le film sort ce Mercredi au cinéma

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