
La cérémonie des Oscars 2025! C'était ce dimanche à Los Angeles. Pour l'occasion, retour sur les 9 candidats qui prétendaient à l'Oscar du Meilleur Film, et bien sûr on passera un peu plus de temps sur Anora, le grand vainqueur de la soirée.
Le film a succédé à Oppenheimer de Christopher Nolan, qui avait remporté 6 autres statuettes l'an dernier.
En tout cas, la concurrence était assez rude cette année, chaque candidat a marqué les esprits en salles. Que ce soit le conte de fées désabusé de Sean Baker, le biopic sur Bob Dylan porté par Timothée Chalamet, ou même le body-horror féministe de Coralie Fargeat qui a permis à Demi Moore de faire un retour au premier plan. Chaque film a su rassembler et convaincre son public.
De notre côté, on a eu beaucoup de mal à désigner un gagnant, chaque film était méritant (ceux qui n'ont pas gagné étaient tout aussi méritants que les vainqueurs) !
9) Wicked Première Partie de Jon Chu

Prequel très efficace à l'histoire de Dorothy Gale, cette première partie (qui était également nominée pour 9 autres statuettes dont meilleurs effets visuels et meilleurs actrices) est très enchanteresse et divertissante.
Une comédie musicale formidablement adaptée de sa version Broadway, qui doit énormément aux interprétations d'Ariane Grande et Cynthia Erivo (Glinda et Elphaba) ainsi qu'aux superbes chansons. Les décors ne sont pas en reste.
On vous encourage à lui laisser sa chance avant de découvrir la seconde partie qui sortira en fin d'année, c'est d'excellente facture et la réalisation de Jon M Chu est assez inspirée.
Le film est reparti avec deux statuettes, meilleurs costumes et meilleurs décors.
Notre critique plus complète est à retrouvée ici : https://sitefilmaker.wixsite.com/lumire-1/post/wicked-critique-d-un-film-qui-ne-déçoit-pas
8) The Substance de Coralie Fargeat

L'un des films favoris de Lumière pour l'année 2024! On lui espère une belle fin de carrière (ce qui a l'air d'être le cas).
Coralie Fargeat, dans la lignée de Julia Ducourneau, a remis le body-horror au goût du jour avec un propos très accentué sur le patriarcat et l'avenir des actrices à Hollywood.
Un scénario très engagé porté par une actrice nommée pour le rôle titre, Demi Moore.
Autrefois Sex-symbol d'Hollywood, l'actrice déconstruit son image et s'enferme dans un engrenage qui la détruit plus qu'il ne l'a fait renaître. Fargeat se laisse aller à ses influences, mais ne s'interdit rien pour créer le malaise chez son public.
Résultat ? 5 nominations aux Oscars et une statuette pour les Meilleurs maquillages !
Notre critique complète est à retrouver ici: https://sitefilmaker.wixsite.com/lumire-1/post/the-substance-critique-du-film-anti-stéréotype
7) Je Suis Toujours là de Walter Sellers

Film politique coup de poing, qui revient sur la disparition soudaine de l'ancien député Rubens Paiva en 1971 sous les yeux de sa femme Eunice, durant la dictature militaire.
On retient principalement l'interprétation de Fernanda Torres (nominée à l'Oscar de la Meilleure Actrice) qui crève l'écran en épouse impuissante et mère courage qui doit poursuivre sa vie malgré l'absence douloureuse de son mari et l'attente incurable de savoir s'il reviendra ou non auprès de sa famille. Bien plus qu'un film politique, un drame éprouvant!
Le film a remporté l'Oscar du Meilleur film international, c'est amplement mérité!
6) Emilia Perez de Jacques Audiard

Normalement favori dans pas mal de catégories (11 nominations au total), le film de Jacques Audiard partait très handicapé suite à la polémique suscitée par Karla Sofia Cascon sur les réseaux sociaux, cela ne lui enlève évidemment pas ses qualités cinématographiques.
Ce somptueux mélange de comédie musicale au film de mafieux est l'une des propositions de cinéma les plus intéressantes de l'année dernière, et c'est aussi une renaissance artistique pour Audiard (qui n'avait pas proposé un aussi bon long-métrage depuis De Rouille et d'Os). Un film généreux, élégant et très original !
Si la cérémonie des Césars lui a été favorable avec 4 récompenses, le film de Jacques Audiard n'a récolté que deux Oscars, Meilleure actrice dans un second rôle pour Zoé Saldana et Meilleure chanson originale pour El Mal
5) Dune : Deuxième Partie de Denis Villeneuve

Depuis Prisoners, Premier Contact ou encore Blade Runner 2049, Denis Villeneuve s'est imposé comme un auteur de cinéma de SF particulièrement remarquable.
L'esthétique de ses films a souvent été saluée, la force de ses scénarios aussi, et maintenant qu'on y pense, il semblait né pour adapter l'oeuvre de Frank Herbert sur grand écran après les essais ratés et vains du regretté David Lynch et de Jodorowsky.
Dune Part 2 est un grand film de SF, épique, sublime, fort, émouvant, jamais ennuyant malgré sa longue durée, qui nous donne plus que jamais envie de voir la fin et de nous plonger dans les romans d'origine. Le film prétendait pour 4 autres statuettes au total, dont meilleur son et meilleurs effets visuels.
Il a remporté celui du Meilleur mixage son et des Meilleurs Effets visuels.
4) Conclave de Edward Berger

On espérait fortement qu'il repartirait avec une ou deux statuettes, l'excellent huit clos d'Edward Berger qui se déroule au cœur du Vatican mais aussi en plein cœur des secrets cachés qui refont surface alors qu'il faut élire un nouveau pape.
Un scénario dont le dénouement se fait attendre, qui nous tient en haleine tout du long, porté par un Ralph Fiennes plus charismatique que jamais (ce qui fait de lui un solide prétendant à la statuette) .
Hormis des têtes d'affiche estimées, une réalisation soignée, une photographie soignée qui fait de Conclave un thriller géopolitique affiné et maîtrisé.
Le film était candidat pour 8 statuettes dont Meilleur scénario adapté, Meilleurs décors et Meilleur son. Il est reparti avec celui du Meilleur scénario adapté.
3) Un Parfait Inconnu de James Mangold

Le fameux biopic sur Bob Dylan avec Timothée Chalamet, sans doute celui qui nous a le moins convaincu de tous ceux qui étaient nominés. Un biopic qui se concentre sur les débuts du chanteur à partir du moment où il débarque à New-York jusqu'à sa rapide ascension.
Une réalisation de Mangold (pourtant derrière les excellents Le Mans 66 et Walk The Line) assez platonique, au même titre que l'incarnation abstraite de Chalamet qui imite l'artiste sans jamais vraiment s'emparer du personnage. Un scénario qui certes s'éloigne des schémas classiques de tous les biopics musicaux, mais ne se distingue pas pour autant.
Sitôt vu, sitôt oublié, on a envie de dire, et d'ailleurs le long-métrage est reparti bredouille.
2) The Brutalist de Brady Corbet

L'un des plus gros morceaux de cinéma de ce début d'année, le nouveau film de Brady Corbet (qui jusqu'à maintenant n'avait signé que deux films très méconnus), avec Adrien Brody (nominé et lauréat de l'Oscar du Meilleur Acteur), qui porte l'histoire de László Toth, un immigré juif qui a survécu à l'holocauste et tente sa chance en Amérique en qualité d'architecte réputé.
Une fresque cinématographique de 3 h 30 à l'image de celles qui ont fait la réputation du Nouvel Hollywood dans les années 80-90 (type Le Parrain ou Once Upon A Time In América), mais avec une différence majeure, The Brutalist est vide de violence pour laisser place à une tragédie familiale bouleversante en parallèle de l'histoire de Toth et de son projet de construction pour le compte d'un industriel impitoyable.
Brady Corbet évoque aussi l'antisémitisme, le racisme et toutes ces choses qui ont rangé l'Amérique dans les années 50, 60. Un film à "l'ancienne" qui revisite le mythe du rêve américain, à partir d'un contexte lourd et déjà bien remué (c'est le second film de ce début d'année à parler de l'holocauste avec A Real Pain de Jesse Eisemberg nominé pour le Meilleur Scénario Original), sans oublier le film coup de poing de Jonathan Glazer, The Zone Of Interest sorti l'année dernière et récompensé du César du Meilleur Film étranger. Vendredi soir.
The Brutalist est un film froid, glaçant, sombre et jamais joyeux qui véhicule cependant un bon nombre d'émotions tout du long. Le duo Adrien Brody- Felicity Jones (nominé en second rôle) crève l'écran et apporte autant de brutalité que de sensibilité à l'écran.
Il s'impose comme une œuvre unique, avec un message percutant sur son pays et ceux qui le constituent ou le forment.
Il est reparti avec trois trophées, Meilleur Acteur, Meilleur photographie et Meilleur musique.
1) Anora de Sean Baker

Le gagnant (surprise ?) celui qui a déjoué les pronostics, l'acclamé Anora par l'auteur indépendant Sean Baker (derrière les supers The Florida Project, et Red Rocket) .
Un long-métrage sur la femme, sur les travailleuses du sexe qui ne cherchent qu'à s'émanciper de cette industrie toxique. En l'occurrence, ici c'est Anni interprétée par la très juste Mikey Madison (Oscar de la Meilleure Actrice) qui croit naïvement que sa rencontre avec Ivan, un gosse de riche russe qui s'offre ses services pour une semaine avant de l'épouser par amusement, va lui permettre de claquer la porte à cette vie qui ne la conduira nulle part.
Si la première partie est pleine d'euphorie, d'illusions et de folie, Sean Baker ramène son héroïne à une réalité très amère, dans une seconde partie où le joli conte de fées se transforme en une quête burlesque pour tout remettre en état. Baker fait une Tarantino dans la séquence clé du film où tout bascule dans un désordre général d'une quinzaine de minutes. Sans doute la séquence la plus aboutie du cinéma de Sean Baker jusqu'à maintenant.
Bien entendu, avec ses précédents films, Sean Baker était déjà parvenu à s'imposer avec un cinéma indépendant où l'innocence des personnages (où du moins ce qu'ils ne soupçonnent pas) est aux frontières d'une réalité très brutale. Et ce sont les moments où justement "la réalité les frappe de plein fouet" que Baker saisit les émotions les plus justes.
On parle bien sûr de la scène où Anni somme Ivan de lui parler et que ce dernier finit par lui avouer que leur union n'avait rien de sérieux.
Anora est un film rempli de toutes les émotions humaines et de toutes les illusions et désillusions qui peuvent frapper quelqu'un. En cela, c'est aussi un film abouti, faussement drôle parce que empli d'une certaine cruauté refoulée qui fait refait surface dans les dernières 20 min. Une certaine vision de la lutte des classes, un Pretty Woman désabusé, plus décomplexé qui vient frapper là où ça fait mal.
Nous voilà arrivés au terme de la liste, et une chose nous frappe, la diversité des nominés, la force de chaque scénario, de chaque histoire, ce qui caractérise chaque personnage et à quel point les acteurs et actrices derrière leurs ont donné vie.
Pour nous, c'était une cérémonie à la hauteur de ces concurrents et on se réjouit des sacres de Kieran Culkin en second rôle et d'Adrien Brody en Meilleur Acteur, des récompenses évidentes pour deux acteurs qui font jouer toute leur sensibilité pour donner corps aux personnages qu'ils jouent.
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