QUEER-Suivre des personnages qui n'existent que par leur sexualité
- Thibault Jeanroy
- 27 mars
- 3 min de lecture

Luca Guadanigno le réalisateur populaire
Depuis Call Me By Your Name, le cinéma de Luca Guadanigno a très bonne réputation chez les cinéphiles (et dans la communauté LGBTQ).
Guadanigno, presque autant qu'un certain Xavier Dolan avant lui, s'est fait connaître en imposant des protagonistes à la sexualité indécise à l'écran.


L'année dernière, c'est avec un triangle amoureux très ambigu sur fond de challenges sportifs qu'il a séduit le public. Pour autant, bien que Challengers mette en avant le sex appeal de Zendaya et son effet sur ses deux prétendants, il s'est avéré que le film était plus bisexuel qu'il ne le laissait entendre.
Enfin, le réalisateur qui a récemment déclaré que "les films gays étaient les meilleurs" est donc de retour avec Queer !
Queer , mais encore ?
Aucun doute possible, celui qui aura la lourde tâche de signer le remake d'American Psycho avec Austin Butler, propose ici un film très sulfureux et complètement singulier dans son genre.
Daniel Craig en tête d'affiche incarne Lee, un homme solitaire en constant besoin de compagnie et de sexe, jusqu'à ce qu'il rencontre Eugene, un jeune journaliste qui le fait complètement chaviré
Seulement voilà, Queer est un film assez problématique !
Contrairement à Call Me By Your Name qui posait des questions pertinentes au sujet d'un jeune hétérosexuelle soudainement épris d'un américain de passage (interprété par Timothée Chalamet) , Queer impose des personnages uniquement désignés par leur identité sexuelle, sans rien défendre ni rien dire à côté !
Nous suivons uniquement des personnages solitaires, sans qu'un véritable propos ne soit à proprement formé, tout est dans la subtilité et les non-dits, ce qui fait de Queer un film totalement lancinant et sans enjeux.
Quand Daniel Craig s'émancipe de Bond
On aurait pu penser qu'un rôle principal comme celui-là tenu par Daniel Craig (de par son ancien statut de James Bond) serait le choix le plus intéressant pour ce film, mais rien n'en ressort de très profond. Craig n'est qu'une version opposée de Bond, plus de masculinité, plus de sentiments concrets, bref l'antithèse d'un héros blindé de testostérone qui séduit autant de femmes, qu'il ne poursuive de méchants.
Cependant, l'un des Bond les plus populaires de la franchise avait trouvé un autre rôle à son échelle, un personnage également homosexuel mais autrement caractérisé, celui de Benoit Blanc dans la trilogie actuellement en cours de construction, A Couteaux Tirés. Un personnage énigmatique et nettement plus construit que celui de Lee dans Queer.
Finalement, Queer ?
Queer nous régale de plans généreux, mais dépeint assez maladroitement la communauté gay comme une secte isolé des autres, et d'ailleurs pas de portraits du tout, c'est une surface erronée et très épurée qui nous est présentée. Sans doute l'œuvre la moins aboutie de Guadagnino et la plus dessuée, on préférait encore son travail sur Bones And All, déjà lancinant et très posé dans sa démarche. Parce que oui, Queer est un film formellement exposant. Il expose l'identité de ses protagonistes, il expose leur avidité de sexe, mais le problème est bien là, il ne fait rien d'autre qu'exposer sans jamais aller au-delà de cette exposition, caricatural qui plus est.
Le film est toujours disponible au cinéma
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